La réserve d’une bouteille de plongée désigne la quantité de gaz restant dans la bouteille lorsque la pression qui y règne est inférieure à une certaine valeur, souvent fixée à 50 bars. Un plongeur est dit “sur réserve” lorsqu’il utilise cette quantité résiduelle de gaz.
La réserve a pour vocation d’être une marge de sécurité en gaz respirable, qui s’ajoute à la quantité maximale de gaz que le plongeur a prévu d’utiliser. Si pour autant la pression dans la bouteille d’un des plongeurs devait atteindre la réserve – par inattention par exemple – la situation doit signifier la fin immédiate de la plongée et le début de la remontée de la palanquée.
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Historique
Dans les années 1980, les scaphandres n’étaient pas systématiquement équipés de manomètres permettant de contrôler à tout moment la pression dans la bouteille. Afin de prévenir le plongeur que la pression dans sa bouteille devenait faible, un mécanisme installé dans la robinetterie fermait l’arrivée d’air dès lors que cette pression descendait sous une certaine valeur. Le mécanisme était constitué d’un ressort taré généralement à cinquante bars. Lorsque la pression dans la bouteille atteignait cette valeur, le mécanisme se fermait, le plongeur se trouvait alors en panne d’air et devait actionner une tige métallique située sur le côté du bloc, reliée à la robinetterie en haut et descendant jusqu’en bas où se trouvait une poignée. En l’actionnant, le plongeur rouvrait l’arrivée d’air pour pouvoir utiliser les cinquante derniers bars d’air. On dit alors que le plongeur “passe sa réserve”.
C’est ce mécanisme qui a donné aux 50 derniers bars d’air dans la bouteille l’appellation de “réserve”.
Un des risques de cette technologie était le risque de plonger par inadvertance avec le mécanisme de réserve préalablement ouvert. Dans cette situation, le plongeur pense pendant toute la plongée qu’il sera prévenu mécaniquement lorsque la pression dans sa bouteille atteindra 50 bars, mais ne l’est pas. Lorsque la pression dans la bouteille devient trop faible (c’est-à-dire lorsque qu’elle devient égale à la pression absolue à la profondeur considérée, par exemple, 3 bars à 20 mètres), le plongeur est en panne d’air. Pensant disposer d’une réserve de cinquante bars, il cherche à actionner sa réserve mais ne peut pas, car celle-ci est déjà ouverte. Sans assistance d’un coéquipier, il risque alors la noyade.
Un deuxième risque de cette technologie était celui du blocage du mécanisme de réserve. Si le ressort ou une autre pièce du dispositif se coinçait lorsque le plongeur cherchait à actionner la tige de réserve, ce dernier se trouvait alors en panne d’air. Un signe permettait alors d’expliquer la situation à un coéquipier : “je ne parviens pas à passer ma réserve”, ce qui déclenchait l’intervention du coéquipier avec remontée jusqu’en surface (souvent par échange d’embout avant que le détendeur de secours ne se démocratise).
Technologie et usage actuels
Le développement et la démocratisation progressive des manomètres permettent aujourd’hui au plongeur de connaître à tout moment la pression dans sa bouteille. La réserve mécanique a ainsi disparu au profit d’une réserve fictive : la totalité du gaz de la bouteille est respirable sans intervention du plongeur, et passé une certaine pression, le plongeur sait, à la lecture de son manomètre, qu’il se trouve sur réserve.
Cette pression est une convention, décidée par les plongeurs avant la plongée. Elle est généralement fixée à 50 bars. Sur la majorité des manomètres commercialisés, la zone 0 à 50 bars est indiquée en rouge.
Dans certains cas, par exemple en cas de plongées profondes, il peut être décidé d’augmenter cette réserve, par exemple à 70 bars. Dans ce cas, les plongeurs sont invités à signaler à la palanquée le début de l’utilisation de leur réserve dès lors que la pression dans leur bouteille descend sous ce seuil, à l’aide du signe de réserve. Les règles de sécurité s’appliquent alors : le groupe arrête la plongée et entame la remontée, à vitesse contrôlée et en effectuant ses paliers. Augmenter la réserve permet ainsi d’augmenter la quantité d’air minimale utilisable par le plongeur pendant la remontée et les paliers, qui peuvent être longs en cas de plongée profonde.
Prévention
Le calcul de l’autonomie en gaz respirable du plongeur doit toujours se faire en calculant d’abord la quantité d’air dont aura besoin le plongeur pour le profil de plongée visé puis en y ajoutant la réserve. A l’inverse, planifier une plongée en considérant que le plongeur respirera sur la réserve en fin de plongée serait un comportement dangereux.
Le plongeur doit donc surveiller la pression dans sa bouteille par lecture régulière du manomètre. Il doit gérer sa profondeur pour faire en sorte de ne jamais atteindre cette pression d’air dans la bouteille, en remontant progressivement au fur et à mesure que l’aiguille du manomètre se rapproche du seuil de réserve, ce qui diminuera sa consommation d’air et ralentira la chute de la pression dans la bouteille.
Il est fréquent que le directeur de plongée impose aux plongeurs une pression minimale dans la bouteille en fin de plongée. Cette pression est généralement de 50 bars. Cette disposition a pour but d’inciter les palanquées à remonter avant le début de l’utilisation de la réserve de leurs plongeurs.
Utilité
Lors de la planification, les plongeurs ne doivent pas prévoir d’utiliser la réserve. La remontée doit débuter avant l’arrivée à 50 bars. La réserve est une marge de sécurité permettant notamment de traiter les cas suivants :
- Si une panne d’air intervient chez un plongeur au cours de la remontée, deux plongeurs respireront alors sur une même bouteille. La réserve permet d’assurer qu’ils disposent d’assez d’air pour respecter leurs paliers intégralement.
- Si en fin de plongée la remontée est trop rapide, les plongeurs peuvent alors suivre la procédure dédiée, consistant à redescendre à mi-profondeur, y rester 5 minutes et remonter en suivant les instructions de l’ordinateur. La réserve permet d’assurer à la palanquée qu’elle dispose d’assez d’air pour suivre cette procédure.
- En cas d’interruption de palier, hors cas d’accident et si l’ordinateur ne prévoit pas de procédure associée, les plongeurs peuvent suivre la procédure dédiée, consistant à redescendre à la profondeur du premier palier écourté et le recommencer intégralement ainsi que les paliers suivants. Si l’on ne se souvient pas exactement de la durée des paliers à respecter (par exemple, si l’ordinateur n’affiche en cours de plongée que la profondeur et la durée du premier palier, et qu’il s’est mis en mode profondimètre à l’arrivée en surface), il vaut mieux redescendre à la profondeur du premier palier et y rester longuement pour être certain de couvrir la durée initialement prévue, puis faire de même à l’éventuel deuxième palier, et ainsi de suite. La réserve permet d’assurer à la palanquée qu’elle dispose d’assez d’air pour effectuer ces longs paliers.