Un palier à l’oxygène pur est un palier de décompression effectué en respirant un gaz constitué à 100% d’oxygène.
Protocole de désaturation
Si le moyen de décompression est les tables fédérales MN90-FFESSM, le protocole de désaturation est assoupli selon les règles suivantes :
- La durée de chacun des paliers à l’oxygène pur est égale aux deux tiers de la durée du palier à l’air arrondie à la minute supérieure, et est au minimum de 5 minutes.
- Cependant la durée de chacun des paliers à l’oxygène pur est égale à la durée du palier à l’air lorsque celui-ci a une durée de 1 à 5 minutes.
- Le fait d’effectuer des paliers à l’oxygène pur ne change pas le groupe de plongée successive de la plongée effectuée.
Conditions
En raison de la toxicité de l’oxygène à haute pression partielle, un palier à l’oxygène pur ne peut être effectué qu’à une profondeur maximale de 6 mètres. Si le moyen de décompression utilisé est les tables fédérales MN90-FFESSM, cela correspond aux paliers de 6 mètres et 3 mètres. Si le moyen de décompression est un ordinateur de plongée, il faut consulter la notice pour déterminer à quelle profondeur inférieure à 6 mètres des paliers existent (par exemple, 5 mètres) (et si l’ordinateur accepte que le plongeur fasse son palier à l’oxygène, bien entendu).
Comme pour l’utilisation d’un gaz nitrox, le matériel doit être adapté à l’oxygène à haute pression (dégraissage). Cela est valable pour la bouteille et les détendeurs.
Utilité
Pour comprendre l’utilité d’un palier à l’oxygène pur, il faut rappeler deux principes. Considérons un tissu soumis à une pression P, saturé en azote (c’est-à-dire qu’il contient sous forme dissoute le maximum d’azote qu’il puisse contenir).
- Principe 1 : La formation de bulles dans un tissu (dégazage anarchique) se produit lorsque la tension en azote dans le tissu est supérieure à la quantité maximale d’azote que le tissu peut contenir sous forme dissoute, à cette pression.
Considérons le tissu comme isolé (c’est-à-dire sans être en contact avec une poche de gaz quelconque). Si la pression P diminue, la quantité maximale d’azote qui puisse être dissoute dans le tissu diminue. L’azote doit donc s’en échapper. Ne sachant où aller, l’azote passe donc sous forme gazeuse en formant de petites bulles.
- Principe 2 : La vitesse de désaturation en azote d’un tissu en contact avec un gaz est liée à la différence entre la pression partielle en azote dans le gaz et la tension en azote dans ce tissu.
Considérons maintenant le tissu initial à la pression P, en contact avec un mélange gazeux à la pression P. Si la pression partielle en azote dans le tissu (appelée tension, notée T) est différente de la pression partielle en azote dans le gaz, un échange gazeux se produit entre les deux entités, dans le sens de l’équilibre. Par exemple, si la tension en azote dans le tissu est supérieure à la pression partielle en azote dans le gaz, l’azote migre du tissu vers le gaz, au niveau de l’interface entre les deux entités. La vitesse de « désaturation » est directement proportionnelle à cette différence de pression partielle.
Conclusion
En respirant un gaz à forte teneur en oxygène au palier, le plongeur soumet donc ses tissus à une importante différence de pression partielle en azote avec le gaz respiré (donc augmente sa vitesse de désaturation) sans pour autant les décomprimer (donc évite la formation de petites bulles). Remarque : il pourrait en théorie avoir le même effet en respirant tout gaz de plus faible pression partielle (donc teneur) en azote, par exemple en remplaçant dans l’air l’azote par de l’hélium (par exemple un mélange gazeux constitué de 21% d’oxygène, 19% d’hélium et 60% d’azote, qui serait une sorte de trimix). Le problème est ici que l’hélium est un gaz cher. La difficulté est de trouver un gaz non-toxique à cette pression, bon marché, et ne saturant pas dans l’organisme.
La respiration d’oxygène dans le cadre de la procédure de secours face à un accident de plongée permet, par le même mécanisme, d’augmenter la vitesse de désaturation des tissus, même si ce n’en est pas l’objectif. En effet, l’objectif est plutôt d’augmenter l’oxygénation des tissus.