L’essoufflement est à la fois un accident de plongée et un important facteur favorisant de beaucoup d’autres accidents de plongée, par suraccident.
Il est caractérisé par une respiration rapide et superficielle, de plus en plus inefficace.
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Mécanisme
Suite à un effort
Le mécanisme principal est un cercle vicieux. A la descente, la pression absolue augmente, entraînant une augmentation de la pression du gaz respiré (air ou tout autre mélange gazeux) et notamment une augmentation de la pression partielle en dioxyde de carbone. A titre d’exemple, à 40 mètres de profondeur, cette pression partielle est multipliée par 5 par rapport à la pression en surface.
Dès lors, l’augmentation de cette pression partielle en dioxyde de carbone à la suite d’un effort a des conséquences lourdes : cette forte pression partielle est détectée par les chimiorécepteurs. En réponse, le corps envoie un signal au diaphragme imposant :
- l’augmentation de la fréquence respiratoire (la respiration est plus rapide),
- l’augmentation du volume inspiratoire (le plongeur inspire un volume d’air plus important).
En revanche, le plongeur n’est pas incité à expirer plus d’air. Cette ventilation permet moins efficacement à l’organisme d’évacuer le dioxyde de carbone produit par les muscles et organes. La pression partielle en dioxyde de carbone dans le sang augmente. Cette augmentation est détectée par les chimiorécepteurs. Le corps réagit de la même façon que précédemment : c’est un mécanisme en cercle vicieux.
Ce déséquilibre constant entre le volume d’air inspiré et le volume d’air expiré entraîne un déplacement de la respiration dans la partie supérieure du spirogramme : le plongeur respire en haletant de petites quantités d’air, poumons presque pleins.
Autres raisons possibles menant à un essoufflement
En surface, la ventilation est passive, elle se fait presque sans effort. Le diaphragme s’abaisse (par réflexe ou volontairement), agrandissant ainsi l’espace occupé par les poumons, y créant une dépression qui aspire l’air dans les deux cavités. L’expiration se fait sans effort, par relâchement du diaphragme vers la position haute. En plongée, une petite résistance peut exister dans le détendeur à l’inspiration (au début de l’inspiration, il faut créer une petite dépression dans l’embout pour mettre en œuvre la détente par le deuxième et le premier étage) et à l’expiration (selon la qualité des soupapes d’expiration, au niveau des moustaches) : on dit que la respiration devient active.
Par ailleurs, l’augmentation de la pression du gaz respiré est à l’origine de l’augmentation de sa masse volumique (le gaz est plus lourd) et de sa viscosité (le gaz est plus visqueux). Sa circulation dans les voies aériennes en est ralentie, et la respiration en est alors plus difficile.
Symptômes
Schéma : spirogramme
L’accidenté commence par ressentir une petite gêne respiratoire, croissante. Par réflexe, la respiration devient plus rapide et se concentre sur l’inspiration, au détriment de l’expiration : le plongeur inspire plus qu’il n’expire. Progressivement, la respiration est déplacée dans le volume de réserve inspiratoire, finissant dans la partie haute du diagramme, par petites respirations autour d’un grand volume. La respiration devient vite superficielle, inefficace.
Conduite à tenir
Les risques liés à un essoufflement en plongée sous graves et surviennent rapidement. Le principal est la panique, avec lâcher d’embout et remontée rapide.
Facteurs favorisants et prévention
Facteur favorisant | Prévention |
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La profondeur | Limiter la profondeur de la plongée, en fonction des aptitudes, des conditions |
L’effort, dû au courant | Planifier la plongée de sorte que les plongeurs n’aient jamais à nager à contre-courant. Se mettre à l’abri derrière des rochers par exemple. |
L’effort, dû à un mauvais lestage | Effectuer un test de lestage précis à chaque début de séjour de plongée, à réactualiser si les conditions (eau salée ou eau douce) ou le matériel (changement de combinaison, de taille de bloc, ajout de matériel) |
L’effort, sans raison | Ne pas faire d’effort inconsidéré. Respirer en insistant sur l’expiration. Faire de petites apnées de contrôle. En cas de difficulté à retenir sa respiration pendant quelques secondes, arrêter immédiatement tout effort. |
Un détendeur mal réglé | Faire réviser son détendeur régulièrement Lire la notice pour bien en connaître le fonctionnement et les réglages. |
Une condition physique inadaptée | Pratiquer un entraînement régulier (endurance, par la course à pieds ou la nage), en particulier si l’on plonge à des profondeurs supérieures à 20 mètres. |
Caler son rythme respiratoire sur un autre membre de la palanquée. | Respirer à son rythme. |
L’angoisse |
L’essoufflement est lui-même un facteur favorisant de la survenue de la narcose, d’une surpression pulmonaire (par remontée panique), d’un accident de décompression (par remontée rapide sans respecter de procédure de désaturation, ou même sans remontée rapide, par modification des échanges gazeux pendant la plongée),