L’effet Paul Bert est une réaction physiologique liée à la toxicité de l’oxygène pour l’organisme au-delà d’une certaine pression partielle.

Mécanisme

A partir d’une certaine pression partielle, l’oxygène devient toxique pour le système nerveux central, entraînant une destruction de cellules nerveuses.

Symptômes

L’individu est soumis à une crise convulsive majeure, semblable à une violente crise d’épilepsie.

On distingue trois phases successives :

PhaseDuréeSymptômes
1. La phase toniquede 30 secondes à 2 minutes– Contraction musculaire généralisée (en opisthotonos), commençant par les lèvres, s’étendant à tout le corps : les membres sont raidis et en extension, la cage thoracique et le diaphragme sont immobilisés en expiration forcée. Le plongeur est incapable de contrôler son immersion.
– Crampes
2. La phase clonique (ou phase convulsive)de 2 à 3 minutesConvulsions brusques, régulières, de plus en plus fortes et de moins en moins fréquentes. Les contractions musculaires sont synchrones (elles ont lieu simultanément dans tout le corps), avec :
– morsure de la langue par contraction-décontraction des muscles de la mâchoire,
– émission d’urine par contraction-décontraction des muscles impliqués dans la miction,
– perte de détendeur,
– troubles de la ventilation : respiration rapide et saccadée
– tachychardie (accélération cardiaque),
– troubles de la vision,
– perte de connaissance.
3. La phase post-convulsive (ou phase révolutive, ou phase de coma post-critique)de 5 à 30 minutesL’individu revient progressivement à lui, avec :
– relâchement musculaire,
– fatigue extrême,
– état confus et agité,
– fréquente amnésie des phases précédentes.

La première phase induit un réflexe de blocage de la glotte, empêchant l’air de s’échapper de ses poumons. Il est donc déconseillé de remonter une victime pendant cette phase, au risque de provoquer une surpression pulmonaire. En pratique, la crise débutant par une expiration forcée, la surpression pulmonaire est très rare.

Si aucune remontée n’est entamée lors de la phase clonique, la pression partielle d’oxygène dans l’air respiré par l’accidenté est inchangée, et un nouveau cycle phase tonique-phase clonique est entamé. Tant que la victime respire ce mélange suroxygéné, la crise hyperoxique continue, alternant phases tonique et clonique. Elle rapproche l’individu de l’état de mal épileptique, engageant le pronostic vital (mort) et fonctionnel (risque de séquelles neurologiques définitives). Si la victime est retirée rapidement de l’ambiance hyperoxique, la récupération peut avoir lieu sans séquelles.

La sensibilité de l’organisme à l’oxygène hautement concentré est variable selon les individus et les circonstances. Dans le gaz respiré (air, ou autres mélanges), le seuil de pression partielle d’oxygène généralement pris comme limite à ne pas dépasser est de 1,6 bar en France. Certains organismes, notamment étrangers, lui préfèrent une valeur plus faible encore, par exemple 1,4 bar.

Les règles d’évolution avec utilisation de mélanges suroxygénés (nitrox) en plongée loisir rendent heureusement cet accident très rare. Il ne se constate aujourd’hui plus que dans des contextes très particuliers, notamment chez les plongeurs militaires (nageurs de combat), parfois soumis à des pressions partielles en oxygène importantes.

Conduite à tenir

Cet accident ne peut survenir qu’à la suite d’une utilisation d’oxygène à une pression partielle supérieure à la valeur de 1,6 bar, prise comme limite par la plupart des organismes de plongée, ce qui revient à utiliser un mélange suroxygéné (de type nitrox) au-delà de la profondeur maximale associée, soit par dépassement de la profondeur, soit par erreur de dosage du mélange.

Si la situation se produit, il faut, au fond :

  • Maintenir le détendeur de l’accidenté en bouche, car les contractions et convulsions musculaires (voire même la perte de conscience) risquent de lui faire lâcher l’embout.
  • Ne pas redescendre lors de l’intervention, au risque d’augmenter encore la pression partielle en oxygène respiré.
  • Ne pas remonter l’accidenté immédiatement : en effet, les contractions musculaires de la phase tonique risquent de bloquer la glotte de l’accidenté, empêchant l’évacuation de l’air, au risque d’ajouter une surpression pulmonaire à l’accident déjà en cours (suraccident). Il est préférable d’attendre la phase clonique avant de remonter. Pour cela, il est nécessaire de détecter, dans la mesure du possible, la fin de la phase tonique.
  • Entamer une remontée assistée (ou un sauvetage si l’individu est inconscient) jusqu’en surface.

Puis en surface :

  • Déclencher la chaîne des secours (appel des secours via la VHF sur le canal 16 en mer)
  • Traiter les dommages liés aux potentiels suraccidents : noyade totale ou partielle, brûlure des alvéoles pulmonaires

Histoire

L’effet a été découvert en premier par le médecin physiologiste Paul Bert, au terme d’une série d’expériences sur les effets de l’oxygène sur l’organisme, menées entre 1870 et 1878 en caisson hyperbare et dont il publie les résultats dans La pression barométrique en 1878.

Effet Paul Bert

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *