Un accident de décompression (ou accident de désaturation, ou ADD) est un accident de plongée causé par la formation d’une bulle de gaz (souvent l’azote) issue du phénomène de saturationdésaturation dans le corps humain, perturbant son fonctionnement.

Le terme historique est “accident de décompression”, car le principe de saturation n’était pas encore connu à l’époque et l’accident souvent confondu avec une surpression pulmonaire (dont certains symptômes sont communs et qui peut elle-même être à l’origine d’un ADD). Sur le plan mécanique, une surpression pulmonaire est due à la décompression du gaz dans les poumons. Un accident de désaturation est dû au phénomène de désaturation des tissus du corps humain suivi d’une décompression du gaz expulsé. Le terme plus correct de cet accident serait donc aujourd’hui “accident de désaturation”, mais ne s’est pas encore imposé dans le langage courant.

Mécanisme

Saturation

Lire l’article dédié à la saturation.

Au cours de la plongée, l’azote respiré se dissout dans les tissus de l’organisme. La vitesse d’accumulation de l’azote dans les tissus dépend de nombreux critères, dont la profondeur et la durée de la plongée.

Désaturation

Lire l’article dédié à la saturation.

A la remontée, les tissus évacuent l’azote dissous sous forme de microbulles dans la circulation sanguine. Ces microbulles sont sans danger, car elles sont trop petites pour bloquer le passage du sang dans un capillaire sanguin et sont de plus éliminées par le filtre pulmonaire.

Dégazage anarchique et accident de décompression

On parle de dégazage anarchique lorsque la désaturation des tissus produit des bulles de taille supérieure aux microbulles. Ce phénomène a lieu lorsque la différence de pression partielle en azote entre les tissus et l’air respiré est trop importante, lorsque des efforts sont effectués à la remontée ou après la plongée.

Ces bulles de taille supérieure peuvent agir de différentes façons dans l’organisme :

  • s’agréger au sein des vaisseaux sanguins.

On classe les accidents dans deux catégories selon l’endroit à la bulle s’est formée :

  • les accidents de type I sont ceux pour lesquels la bulle s’est formée dans les tissus de la peau, une articulation, un muscle : ils sont dits “bénins” (ce qui ne préjuge pas de la douleur ressentie mais des séquelles à long terme),
  • les accidents de type II sont ceux pour lesquels la bulle s’est formée au niveau de l’oreille interne (vestibule), de la moëlle épinière, du cerveau ou des poumons : ils sont dits “graves” et peuvent entraîner jusqu’à la mort de la victime.
CatégorieSous-catégorieSymptômes
Accident de type I (“bénins”)Accident cutanéPuces (fourmillements)
Moutons (boursouflements, plaques rouges)
Démangeaisons
Accident osthéo-arthro-musculaire (ou “bends”)Intense douleur dans une articulation ou un muscle, croissante, jusqu’à en perdre connaissance
Accidents de type II (“graves”)Accident vestibulaireVertiges
Nausées
Troubles de l’audition
Accident cérébralExtrême fatigue, difficulté à se tenir debout
Crise d’angoisse
Engourdissement d’un ou plusieurs membres
Frissons
Vertiges, nausées, vomissements
Perte d’un sens (toucher, vue, ouïe, odorat)
Impossibilité d’uriner alors que l’on a besoin
Douleur thoracique, difficulté respiratoire, détresse respiratoire
Violente douleur au niveau dans le haut du dos (omoplates) ou le bas du dos (lombaires)
Diverses paralysies : monoplégie, hémiplégie, quadriplégie, paraplégie
Arrêt cardiaque
Accident médullaire
Accident pulmonaireInsuffisance respiratoire

ll est dit que plus les symptômes interviennent tôt, plus l’accident est grave.

Conduite à tenir

La conduite à tenir est valable lorsque les premiers symptômes apparaissent mais aussi, par précaution, lorsque le protocole de désaturation de la plongée n’a pas été suivi (remontée rapide non suivie d’une réimmersion, paliers interrompus ou omis).

Il ne faut pas chercher à distinguer l’accident de décompression de la surpression pulmonaire.

Il faut :

  • mettre la victime sous oxygène à 15 litres par minute,
  • alerter les secours,
  • allonger, sécher, réchauffer la victime,
  • hydrater la victime (boissons chaudes ou eau douce),
  • remplir la fiche d’évacuation en spécifiant notamment certains élements essentiels : la profondeur maximale de la plongée, la durée, la vitesse de remontée, les paliers, l’heure de sortie, les circonstances de la plongée (exercices réalisés, conditions) les caractéristiques de la plongée précédente, les symptômes constatés et leur heure d’apparition, la nature des soins apportés, l’évolution de l’état de la victime,
  • tenir l’ordinateur de la victime à la disposition des secours,
  • surveiller l’état des autres plongeurs de la palanquée (rester avec eux).

Lire l’article dans la FAQ : Faut-il donner de l’aspirine lors d’un accident de plongée

Facteurs favorisants et prévention

Facteur favorisantPrévention
L’effort pendant la plongée
Le froid
Une mauvaise condition physique
La déshydratation
La consommation d’alcool (juste avant la plongée ou même la veille)
Les profils de plongée inversés, les profils de plongée en yo-yo
Une deuxième plongée plus profonde que la première dans la même journéeNe pas descendre sous la profondeur maximale de la première plongée de la journée lors de la deuxième (cet argument est en débat).
La répétition de plongées sur une même journéeNe pas effectuer plus de deux plongées par jour
Une manœuvre de Valsalva effectuée à la remontéeNe pas équilibrer les oreilles à la remontée
La pratique de l’apnée après la plongéeNe pas faire d’apnée pendant la phase de désaturation
L’effort après la plongéeNe pas faire d’effort après la plongée (endurance ou effort violent)

Statistiques sur les accidents de plongée

Lire l’article statistiques sur les accidents de plongée.

Accident de décompression

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