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Rappels : relire les accidents de plongée (N2)

Les accidents cités ci-dessous sont déjà connus depuis le niveau 1 ou le niveau 2. Ce qui change au niveau 3 est la connaissance pointue attendue des plongeurs de la prévention et de la réaction à avoir face aux situations à risques, eu égard aux nouvelles prérogatives d’évolution acquises.

A partir du niveau 3, la plongée peut se pratiquer jusqu’à 40 mètres sans présence d’un directeur de plongée sur le site, et jusqu’à 60 mètres en sa présence. Ces profondeurs ne sont pas anodines : le moindre pépin peut y entraîner des conséquences sévères pour le plongeur et sa palanquée.

Il devient donc primordial de connaître sur le bout des doigts, pour chacun des accidents importants :

  • les consignes de prévention indispensables,
  • la conduite à tenir, étape par étape.

Face à un début d’accident, en immersion ou à terre après la plongée, il ne faut pas hésiter, penser que cela va peut-être passer, émettre l’hypothèse que la personne va probablement aller mieux rapidement, ou estimer qu’il s’agit d’un moment de faiblesse indépendant de l’activité : tout signe clinique qui apparaît en cours de plongée ou dans les 24 heures après le retour en surface est un accident de plongée jusqu’à preuve du contraire.

La remontée assistée

La plupart des accidents ci-dessous impliquent d’engager une remontée assistée.

La remontée d’un coéquipier fait l’objet d’un exercice spécifique du niveau 3, depuis 40 mètres avec arrêt à 5 mètres : l’épreuve est aussi connue sous le nom d’intervention sur un plongeur en difficulté (IPD). Les détails de l’exercice sont décrits dans le cours pratique sur la remontée assistée (N3).

Les situations ci-dessous impliquent plutôt de remonter le coéquipier jusqu’en surface et de le ramener au bateau puis assurer ou aider à la prise en charge de la victime, ce qui va plus loin que l’exercice de remontée pure. On peut donc en rappeler les étapes :

  1. intervenir rapidement sur le coéquipier, en choisissant la prise que l’on maîtrise le mieux (main gauche sur sa bretelle droite, par exemple),
  2. indiquer à l’éventuel autre membre de la palanquée autonome que l’on remonte,
  3. remonter jusqu’en surface, à vitesse contrôlée mais sans respecter les paliers indiqués par l’ordinateur,
  4. en surface, gonfler les gilets (le sien et celui de la victime),
  5. effectuer le signe de détresse en direction du bateau (si l’on dispose d’un sifflet, c’est encore mieux),
  6. tracter la personne sur le dos, détendeur en bouche (au cas où des vagues lui frapperaient le visage),
  7. arrivés au bateau, défaire le gilet de la victime (sangles pectorale et ventrale, scratch ventral, puis clips verticaux plutôt que d’essayer de retirer chacun des bras des bretelles)
  8. hisser immédiatement la personne à bord en se faisant aider de toute personne à proximité.

Le protocole de secours

Sur le bateau, il faut alors :

  1. placer la victime sous oxygène, à 15 litres par minute (utiliser le masque à haute concentration s’il respire, et les insufflations avec le BAVU s’il ne respire pas),
  2. réchauffer la victime à l’aide d’une couverture isothermique ou d’habits secs (des ciseaux dans la trousse de secours peuvent permettre de découper la combinaison si celle-ci ne peut être retirée sans exercer de pression sur les poumons de la personne),
  3. alerter les secours (lire la section suivante),
  4. faire boire de l’eau (ou toute boisson à base d’eau) à la victime, si elle y arrive.

Si la victime perd connaissance, il faudra alors :

  • si elle respire, la positionner en position latérale de sécurité (toujours avec le masque à oxygène sur le visage),
  • si elle ne respire plus, commencer la réanimation cardio-pulmonaire (aussi surnommée massage cardiaque et bouche-à-bouche).

Alerter les secours

La plupart des situations ci-dessous impliquent d’alerter les secours.

En mer, cela peut se faire en utilisant la radio VHF, sur le canal 16, la VHF-ASN sur le canal 70, ou le téléphone au numéro 196 si la liaison passe (à proximité des côtes). Nous serons alors en contact avec le CROSS, l’organe chargé de coordonner les secours, qui choisira d’envoyer le moyen le plus adapté (SNSM, pompiers, gendarmerie maritime, etc.)

A terre (plongées depuis le bord de la mer, plongées en lac ou en carrière, plongées en piscine ou en fosse), cela peut se faire par téléphone en contactant le 15 (SAMU), le 18 (les pompiers), le numéro d’urgence européen. A proximité de la mer, le 196 fonctionne aussi (CROSS).

Il faudra alors donner tous les détails demandés sur l’accident, en répondant aux questions des secours :

  • notre position géographique (coordonnées GPS, adresse à terre),
  • les symptômes de la victime (sans chercher à effectuer de diagnostic par soi-même),
  • les paramètres de la plongée de la victime (profondeur maximale, durée) et les événements particuliers (remontée rapide, essoufflement, froid),
  • les secours déjà apportés à la victime.

La surpression pulmonaire

Chez des plongeurs expérimentés comme ceux préparant le niveau 3, le risque est surtout de voir apparaître cet accident en exercice. Par exemple, lors du travail de la remontée assistée, un des conseils principaux donnés par les moniteurs est de ne pas hésiter à se servir des poumons pour ajuster rapidement la vitesse de remontée : si la vitesse devient trop importante, souffler (avant de dégonfler légèrement le gilet puis réinspirer), et inversement, si la remontée est trop lente ou s’arrête (par exemple si l’on a trop purgé un gilet), une grande inspiration peut permettre de repartir. Si suite à cette inspiration on garde les poumons bien remplis pour maintenir sa vitesse, on court le risque d’une surpression pulmonaire.

La surpression pulmonaire peut aussi résulter, non d’un blocage total de la respiration, mais d’une expiration insuffisante. Par exemple :

  • si l’on est occupé à regarder son manomètre, son ordinateur ou un coéquipier (éventuellement en difficulté lui-même),
  • si l’on a froid, si l’on est un peu stressé,
  • si l’on cherche à économiser de l’air parce que le manomètre indique une valeur proche de la limite imposée par le directeur de plongée (ce qu’il ne faut jamais faire !)
  • si l’on a souvent tendance à respirer très lentement et que l’on grimpe par-dessus un rocher à faible profondeur, poumons bien pleins (deux choses à éviter !)

Conduite à tenir : La surpression pulmonaire est un accident grave, mortel, à traiter comme une urgence absolue. Face à toute difficulté respiratoire d’un coéquipier, il faut engager une remontée assistée jusqu’en surface, le tracter, le hisser à bord et pratiquer les premiers gestes (lire la section dédiée).

Prévention :

  • Eviter toutes les situations stressantes (😕 cela est certes plus facile à dire qu’à faire, mais il faut savoir mettre le maximum de chances de son côté dès que l’on en a l’occasion).
  • Ne pas hésiter à annuler une plongée ou en limiter les caractéristiques, sans honte et sans peur de gêner les autres.

☝️ Mieux vaut un plongeur qui râle, plutôt qu’un plongeur qui râle.

L’œdème pulmonaire d’immersion

L’œdème pulmonaire d’immersion (parfois appelé œdème aigu du poumon) touche particulièrement les personnes âgées pratiquant la plongée. C’était un accident jusqu’alors très peu constaté, d’une part parce qu’il était mal connu et souvent confondu avec une surpression pulmonaire (les symptômes sont proches), et d’autre part parce que l’activité subaquatique se développe fortement, en particulier chez les seniors.

Conduite à tenir : Face à toute difficulté respiratoire d’un coéquipier, en cours de plongée comme en surface, il faut entamer une remontée assistée avec tractage jusqu’au bateau, et premiers secours. La rapidité avec laquelle on met un terme aux efforts chez la personne en difficulté est déterminante dans l’évolution de la situation.

Prévention : La présence d’une personne âgée dans la palanquée doit refréner les ardeurs des plus jeunes et des plus sportifs, toujours enclins à se mettre à l’eau rapidement et nager de façon énergique. Protéger les autres ne consiste pas seulement à se tenir prêt à intervenir à tout moment : c’est aussi savoir ne pas mettre la pression à ceux dont la condition physique n’est pas si bonne. Certains efforts, comme nager dans un petit courant ou une légère houle, paraissent anodins lorsque l’on a vingt-cinq ans, mais ne le sont pas lorsque l’on en a le double.

L’essoufflement

Conduite à tenir : Il ne faut pas attendre de recevoir un signe d’essoufflement, qui est surtout utilisé en exercice. En pratique, une personne essoufflée va être agitée, avoir des mouvements des bras et des jambes désordonnés, éventuellement tousser ou faire du bruit dans son détendeur. Mais surtout, elle sera entourée de grosses bulles.

Face à un essoufflement, en particulier à 40 ou 60 mètres, nous n’avons pas le temps de discuter. Il ne faut pas chercher à dire à la personne de se calmer ou de respirer : à ces profondeurs, seule la remontée peut améliorer la situation. Si rien n’est fait rapidement, la victime remontera d’elle-même en panique à toute vitesse, ce qui transformerait alors une situation grave en une situation gravissime. Dès que l’on détecte que la personne ne va pas bien, il faut intervenir sur elle immédiatement, attraper son gilet et gonfler. L’ascension doit permettre de revenir vers des profondeurs inférieures, vers 30 ou 20 mètres, voire en surface si l’essoufflement perdure.

La remarque sur la consommation en situation d’essoufflement faite dans le cours du niveau 2 prend tout son sens à 40 ou 60 mètres : à ces profondeurs, une bouteille se vide très rapidement ! Dans l’espace lointain, un essoufflement doit faire craindre une panne d’air, soit au fond, soit lors de la remontée. C’est pour cette raison que le travail de la remontée assistée se fait souvent avec une situation évolutive.

Un essoufflement est un facteur favorisant la majorité des accidents. Par conséquent, si la situation se corrige pendant la remontée, il faudra quand même arrêter la plongée, remonter en respectant les paliers, et faire surface pour aller se reposer. Les paliers peuvent être allongés par précaution, si les conditions le permettent (si la palanquée n’a pas trop froid, si tout le monde va bien, etc.)

Prévention : Les consignes de sécurité apprises au niveau 2 restent valables et sont encore plus importantes. Une plongée à 40 ou 60 mètres ne peut s’envisager sans réelle réflexion sur les moyens mis en oeuvre pour minimiser les efforts à la descente, au fond, à la remontée et en surface.

Le déplacement à 40 mètres (et a fortiori à 60 mètres) doit se faire par palmage lent et ample. Les plongeurs doivent rester à côté les uns des autres : une distance maximale de cinquante centimètres entre chacun permet d’attraper rapidement un coéquipier qui aurait une difficulté.

L’accident de décompression

Au niveau 2, nous plongions toujours sous la responsabilité d’un directeur de plongée, quelque soit la profondeur. Au niveau 3, nous pouvons maintenant organiser une sortie de plongée jusqu’à 40 mètres avec d’autres plongeurs niveau 3, en choisissant nous-mêmes le site de plongée, la durée, le parcours, etc. Il est donc nécessaire de mettre en place nous-mêmes des éléments de sécurité adaptés et savoir comment réagir nous-mêmes face à un accident de décompression qui se manifeste dans le groupe après la plongée.

Conduite à tenir : Si une personne présente un ou des symptômes d’un accident de décompression au retour sur le bateau ou après, il faut agir vite :

  • placer la personne sous oxygène,
  • alerter les secours,
  • donner à boire (de l’eau),
  • guetter de potentiels symptômes chez soi et surveiller l’éventuel troisième membre de la palanquée.

Prévention : Les éléments de prévention vus au niveau 2 sont toujours d’actualité. Peuvent s’y ajouter les recommandations qui sont plus d’ordre organisationnel, qui étaient auparavant plutôt appliquées par le directeur de plongée :

  • lorsque deux plongées sont prévues dans la même journée, prévoir un intervalle de surface de quelques heures, et réduire la profondeur de la deuxième plongée par rapport à la première,
  • annuler la plongée dès lors que les conditions se dégradent : mauvaise météo, plongeurs fatigués, emploi du temps serré, etc.

Remarque : La majorité des accidents survient sans qu’aucune erreur de procédure ait été commise. En effet, la désaturation est un phénomène complexe dont les modèles ne peuvent pas encore tout expliquer. Le respect des procédures de sécurité ne garantit donc pas l’absence totale d’accident de décompression. C’est pour cela que la conduite à tenir doit être connue et révisée régulièrement. Mais attention à ne pas faire dire aux chiffres ce qu’ils ne disent pas, l’inverse serait faux : en effet, contrevenir aux règles de sécurité augmente bien fortement la probabilité d’apparition d’un accident.

La narcose

Conduite à tenir :

Au niveau 2, nous plongions à 40 mètres avec un guide de palanquée, qui surveillait la palanquée et prenait en charge le premier plongeur victime d’une narcose. Au niveau 3, ce sera à nous d’intervenir. Mais pour pouvoir le faire, il faut soi-même être en état de le faire.

Chez soi :

La question qui doit donc prévaloir en chacun de nous à tout moment est : « suis-je en état de porter secours à mon ou mes coéquipiers ? » Si le moindre doute parcourt notre esprit, il faut remonter. Toute altération importante du jugement doit nous inciter à nous protéger. Si l’on hésite à remonter par gêne, il est possible que les autres aussi. Plonger fortement narcosé, c’est plonger sans être capable d’aider le coéquipier, qui plonge donc seul. S’il est fortement narcosé aussi, nous sommes donc deux à plonger seuls, pourtant côte-à-côte…

Chez l’autre :

Il faut engager une remontée si l’on détecte chez un coéquipier une des caractéristiques suivantes :

  • des fous rires,
  • gestes répétitifs (il regarde son ordinateur, puis son manomètre, puis son ordinateur, puis son manomètre, etc.)
  • des absences (pas de réponse aux signes, une attention marquée pour un caillou sans intérêt),
  • des réactions lentes aux signes ou à tout autre stimulus (voix, toucher),
  • des réponses aux signes un peu mécaniques (un signe « OK » trop automatique, tandis que le regard est creux).

Il faudra alors mettre un terme à l’exploration à cette profondeur et revenir à une profondeur inférieure de dix à vingt mètres de moins, pour faire disparaître les effets de la narcose. Tant qu’elle ne passe pas, si l’individu est toujours absent, manque de répondant), il faut continuer de remonter. Attention néanmoins, il n’y a pas de raison de ne pas respecter les paliers : une personne narcosée est consciente et respire, elle est juste un peu absente.

Prévention :

Chez soi : La narcose peut apparaître dès 30 mètres. A 40 mètres, on peut considérer par sécurité que tout le monde commence à en subir les effets, au moins de façon minime. A 60 mètres, tout le monde en ressent l’effet assez fortement.

La profondeur à laquelle commence à apparaître la narcose est fortement influencée par l’état de fatigue physique et mental et le froid. Renoncer à plonger peut être un acte salutaire pour soi mais aussi pour les autres : il ne faut pas hésiter à abandonner, même lorsque l’on est déjà sur le bateau, ou demander une modification des palanquées de dernière minute pour intégrer un groupe qui compte descendre moins profond, voire même arrêter la descente de sa palanquée si on ne le sent pas. Aucune personne sensée ne peut reprocher à un plongeur d’avoir gâché sa plongée pour ce motif.

Chez l’autre : Au fond :

  • il faut se tenir très proches les uns des autres (à portée de bras),
  • il faut être vigilant face aux comportements spécifiques cités ci-dessus,
  • on peut mettre en place une règle de surveillance mutuelle avec vérifications alternées : le plongeur A demande des nouvelles (par signe « OK ») à B et C, puis deux minutes plus tard, B demande à A et C, puis deux minutes plus tard, C demande à A et B, etc.

Tout malaise en immersion

Tout malaise ou début de malaise en cours de plongée doit faire l’objet d’une intervention immédiate de la part des coéquipiers.

Si l’on plonge à trois et qu’un des plongeurs prend en charge un autre :

  • aider (maintenir la victime, remettre son détendeur en bouche si elle l’a perdu),
  • se placer dans le champ de vision du coéquipier qui intervient (car il a moins de facilité à se tourner que nous),
  • vérifier que son propre détendeur de secours est prêt à l’emploi (un suraccident est en effet vite arrivé),
  • repérer les purges des deux plongeurs (mais en priorité celles de la victime, car notre coéquipier connaît probablement les siennes) pour pouvoir aider à purger si la remontée s’emballait,
  • surveiller au-dessus des plongeurs si le trio ne remonte pas dans un groupe d’autres plongeurs, contre la coque du bateau ou contre une bouée (le risque est de se cogner),
  • arrivé en surface, aider à positionner la victime en position allongée sur le dos, détendeur en bouche et gilet gonflé,
  • effectuer le signe de détresse en direction du bateau,
  • participer au tractage (qui est un vrai effort si la distance est grande, s’il y a de la houle et si l’individu que l’on ramène est costaud).
Les accidents de plongée (N3)

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