Rappels : relire l’autonomie (N2)
Les prérogatives de plongée du plongeur niveau 3 lui autorisent de plonger en autonomie jusqu’à une profondeur de 60 mètres si un directeur de plongée. Jusque là, la planification de la plongée est inchangée en contenu, quoiqu’elle requiert une attention extrême à tous les détails, plus fortement que pour la planification d’une plongée en autonomie à 20 mètres. Par ailleurs, les prérogatives du plongeur niveau 3 lui autorisent de plonger en autonomie jusqu’à une profondeur de 40 mètres sans directeur de plongée, ce qui là aussi, requiert une attention particulière aux conditions de plongée et à la sécurité mise en place pour la palanquée.
Table of Contents
Conditions de pratique
Il est important de se renseigner sur l’état de la mer à l’endroit où l’on souhaite plonger, à la date considérée, et pendant toute la durée de la sortie. En effet, par endroits, les conditions peuvent se gâter en fin de journée après quelques heures de calme relatif.
Parmi les paramètres que le plongeur doit regarder, se trouvent :
- la force du vent,
- l’ensoleillement,
- la marée.
Une bonne pratique (sans être une obligation légale) est d’éviter toute sortie si la force du vent dépasse la force 3, qui correspond au cas où les vagues commencent à déferler (par leur crête), et l’apparition de moutons sur l’eau, qui sont des tâches blanches visibles au loin. Il convient aussi d’éviter toute plongée profonde (c’est-à-dire au-delà de 20 mètres, qui sont des plongées dans lesquelles la saturation est importante) si le vent est de force supérieure à 2.
La plongée doit avoir lieu de préférence lorsque la luminosité est maximale, par exemple lorsque le soleil est à son zénith, vers la mi-journée. Il faut se rappeler que cette luminosité chute rapidement avec la profondeur, et il est courant qu’il fasse totalement noir entre 40 et 60 mètres si le soleil est couvert par les nuages.
La plongée ne doit jamais avoir lieu pendant une marée montante et descendante, car le courant lié au déplacement d’eau (qui arrive ou se retire) serait plus fort : une plongée doit toujours avoir lieu à l’étale, qui est l’instant de marée haute ou de marée basse et dure d’une à deux heures : c’est une période assez courte ! Cette condition ne s’applique pas en mer Méditerranée, dans laquelle les marées sont très faibles.
Cette prise d’informations peut se faire :
- en consultant les sites d’information sur la météo, comme celui de Météo France,
- en consultant les sites d’information sur les marées, comme maree.info,
- en consultant des applications mobiles dédiées,
- en se rendant à la capitainerie, qui est une partie du port tenue par des fonctionnaires compétents en matière d’information sur l’état de la mer.
Ce dernier point mérite une remarque : trop peu de plongeurs se rendent effectivement à la capitainerie avant une plongée. Pourtant, leur démarche d’information sera toujours très bien accueillie par les autorités concernées.
Matériel
Matériel obligatoire
Le matériel obligatoire du plongeur comprend :
- un scaphandre complet : bouteille, gilet, détendeur principal, détendeur de secours, et manomètre,
- un parachute de palier (au moins un par palanquée, mais de préférence un par plongeur au cas où ils se perdent),
- un ordinateur (en théorie, on pourrait aussi utiliser des tables de décompression associées à un profondimètre et une montre),
L’ordinateur doit bien être réglé en mode « air » sauf si la plongée fait intervenir un mélange nitrox. La pile ne doit pas être proche de la fin. Les paramètres optionnels de sécurité doivent être activés ou désactivés volontairement (et non sur une position par défaut ou sur un réglage datant de la dernière navigation dans le menu).
Matériel complémentaire
La combinaison de plongée doit être adaptée au milieu et aux conditions. Pour s’en convaincre, il suffit de relire le cours sur les accidents de plongée, et les mentions liées au froid. Par ailleurs, une plongée profonde est synonyme de longs paliers, pendant lesquels le plongeur est censé être statique !
Disposer d’une lampe devient essentiel si la visibilité ne permet plus de voir ses coéquipiers à quelques mètres. Une faible visibilité peut être due à une faible luminosité mais pas que : des particules en suspension, remuées naturellement ou par une palanquée passée par là il y a peu peuvent diminuer significativement la profondeur du champ de vision.
Lestage et stabilisation
Un rappel supplémentaire concerne le lestage, qui doit être juste minimal pour permettre au plongeur de descendre en début de plongée. Les tests de lestage appris au niveau 1 doivent être effectués en début de stage : {gilet vide, bouteille pleine, poumons à demi-remplis avec une respiration de faible amplitude, l’eau au niveau du masque}, ou {gilet vide, bouteille à la réserve, poumons à demi-remplis avec une respiration de faible amplitude, stable au palier de 3 mètres}. En effet, tout surlestage augmente le risque d’essoufflement à grande profondeur. Il faut se rappeler que la compression des volumes d’air situés dans le néoprène de la combinaison diminue sa poussée d’Archimède et rend tout kilogramme de plomb inutile dès quelques mètres de profondeur. Un plongeur qui emmène un kilogramme supplémentaire inutilement devra donc le traîner pendant toute la plongée. Pour se convaincre de l’effort que cela représente (et aussi de l’effet sur la consommation), il suffit d’aller courir avec un plomb dans la poche…
Enfin, parler de lestage impose un autre rappel à propos de la stabilisation, qui doit être précise. Une mauvaise stabilisation entraînera une tendance à gonfler-dégonfler le gilet en permanence, ainsi qu’un palmage vers le bas, synonyme d’effort inutile. Un réflexe (donc un automatisme pour le plongeur) doit être de prendre repère sur tout objet fixe à proximité afin de vérifier s’il ne bouge pas lorsqu’il arrête de palmer : roche, bout, particules en suspension, etc.
Connaître son matériel et celui des autres
S’il est dangereux d’organiser une plongée sans connaître le matériel que l’on utilise, il est insensé d’organiser une plongée profonde dans les mêmes circonstances. Le plongeur niveau 3 doit impérativement connaître parfaitement son matériel et s’assurer de son bon fonctionnement. Tout nouvel élément dans l’équipement ne devrait pas être utilisé lors d’une plongée profonde.
Concrètement, il convient de :
- savoir situer toutes les purges du gilet sans réfléchir, par réflexe,
- connaître le rôle de la molette ou des différents réglages de ses détendeurs, et l’adapter en conséquence,
- avoir lu (et relu régulièrement) la notice de son ordinateur, savoir naviguer dans les menus sans hésitation, savoir choisir les paramètres et options éventuelles (nitrox, sécurité, etc.),
Ces informations sont valables pour l’équipement du plongeur mais aussi de l’ensemble de la palanquée. Intervenir sur un coéquipier ou simplement échanger des informations à grande profondeur ne doit pas être freiné par une quelconque hésitation quant au matériel. Il est fréquent, chez les jeunes plongeurs ou chez ceux qui ont moins d’expérience, d’être timide et de ne pas oser aller questionner les uns et les autres sur leur matériel. Pourtant, cela est primordial et sera la plupart du temps bien accueilli par l’autre (et si ce n’est pas le cas, il ne faut pas plonger avec !) Connaître le matériel de tout le monde est important pour la sécurité des autres mais aussi de soi-même.
Consommation
Estimer sa consommation
La méthode de calcul de la consommation apprise au niveau 2 reste valide au niveau 3.
Ce qui devient important est d’être capable d’estimer sa consommation. Le chiffre de 20 litres par minute pris pour les exemples du niveau 2 doit être affiné. Pour cela, nul besoin de chercher un appareil mesurant le débit respiré en surface, même si une telle expérience est la bienvenue pour les individus qui ont l’occasion d’utiliser ce type d’instrument (dans le milieu médical ou dans la recherche, éventuellement). En fait, il est possible d’estimer sa consommation en utilisant la donnée de quantité d’air consommée de ses plongées précédentes (pression de la bouteille pleine – pression en fin de plongée) et en utilisant dans la formule différentes valeurs de consommation : 20 L/min, 19 L/min, 18 L/min, jusqu’à trouver celle qui permet d’approcher le plus le bon résultat. Bien entendu, ce type de calcul n’a de sens que pour les plongées à profil « rectangulaire », par exemple une plongée sur une épave dans laquelle la palanquée descend sans traîner, reste à la même profondeur pendant un certain temps, puis remonte directement, plutôt qu’en faisant une exploration progressive le long d’un tombant.
Pour les plongées à grande profondeur, se connaître soi-même devient une nécessité plus qu’une information utile.
Connaître sa palanquée
En amont de la plongée, et même en amont du départ du bateau, il convient de prendre le temps de discuter
Désaturation
😄 La dernière fois, à 20 mètres, on voulait remonter mais on a croisé un énorme poulpe, alors on est bien restés 5 minutes de plus au fond !
Rester quelques minutes de plus au fond à environ 20 mètres, en fin de plongée, a un impact limité sur la procédure de désaturation. A 60 mètres, la situation est complètement différente.
Dans ce qui suit, nous ferons les estimations en utilisant le mode planificateur d’un ordinateur d’une certaine marque.
Par exemple, prenons le cas d’une plongée à 18 mètres. L’ordinateur indique que :
- si l’on plonge 55 minutes, la durée totale de remontée (DTR) sera de 8 minutes, avec 7 minutes de palier obligatoire à 3 mètres;
- si l’on plonge 60 minutes, la DTR sera de 16 minutes avec 15 minutes de palier obligatoire à 3 mètres : en prolongeant la plongée de 5 minutes au fond, on ajoute 8 minutes au temps de palier.
2 minutes de respiration à 20 mètres et 8 minutes de respiration à 3 mètres, c’est beaucoup, mais si le plongeur a encore assez d’air dans son bloc, il peut se le permettre. (A condition que la durée de plongée totale reste inférieure à la consigne du directeur de plongée, bien entendu.)
Prenons maintenant le cas d’une plongée à 54 mètres. L’ordinateur indique que :
- si l’on plonge 15 minutes, la DTR sera de 31 minutes (avec notamment un premier palier de 5 minutes à 6 mètres, puis un autre palier à 3 mètres, plus long);
- si l’on plonge 20 minutes, la DTR sera de 60 minutes (avec notamment un premier palier de 3 minutes à 9 mètres, puis deux autres, plus longs, à 6 et 3 mètres) : en prolongeant la plongée de 5 minutes au fond, on ajoute 29 minutes au temps de palier !
Cet ajout n’est pas négligeable ! Il fait courir le risque d’une panne d’air à l’ensemble de la palanquée. Il augmente considérablement le temps dans l’eau, donc le refroidissement des plongeurs. Peuvent aussi s’ajouter à cela la fatigue et le mal de mer (la houle peut parfois se faire sentir à 3 mètres) !
Lors des plongées profondes (à 40 ou 60 mètres), il faut donc être extrêmement vigilant, planifier précisément sa plongée en déterminant par avance le moment où l’on commencera à remonter, et respecter cette planification.
La planification se fait en utilisant le mode planificateur de l’ordinateur, qui permet de simuler à l’avance comment celui-ci se comportera sous l’eau. Chacun des plongeurs de la palanquée doit simuler sa plongée sur son ordinateur et partager les résultats avec les autres. Ce n’est pas au fond que l’on doit s’apercevoir que l’un des ordinateurs donne beaucoup plus de palier que les autres, mais bien en amont, au sec, afin d’adapter la taille des bouteilles et éventuellement les caractéristiques de la plongée.
Bonne pratique : Comparer la désaturation prévue par son ordinateur à celle prévue par les tables. On peut disposer d’une version immergeable, mais aussi les consulter en ligne sur son téléphone. Les paliers prévus par les tables seront probablement supérieurs, mais l’ordre de grandeur devrait être le même.
Parcours et orientation
Au niveau 2, un directeur de plongée était systématiquement présent sur le site. Il se chargeait du briefing général, ainsi que de la description du site.
Au niveau 3, nous sommes maintenant autorisés à plonger sans directeur de plongée. Il convient donc de se renseigner sur le site. Cela peut être fait en venant discuter avec les clubs ou structures commerciales locales, les habitués du site, voire même les autorités (capitainerie).
- Y a-t-il des courants habituels ?
- Quelle est la meilleure heure pour plonger ? A quelle heure est l’étale ?
- Comment est le relief ? S’agit-il d’un fond de profondeur constante, ou un tombant évoluant entre différentes profondeurs ?
- Y a-t-il des points remarquables (arche, tunnel, rochers, épave) ?
- Quelles sont les profondeurs à différents endroits ?
- Quels sont les risques principaux ? Y a-t-il déjà eu des accidents ici ?
- Quelles sont la faune et la flore que l’on peut rencontrer ? A quel endroit précis ?
- Quel est le parcours habituel des plongeurs sur ce site ? Quelles sont les préconisations des habitués ?
L’idéal pour en discuter est de récupérer ou dessiner une carte du site, avec les points remarquables, les profondeurs, et les points cardinaux. Disposer du plan sur une ardoise immergeable est encore mieux.
Il faut ensuite se mettre d’accord sur :
- le parcours suivi au fond,
- le positionnement relatif des plongeurs : qui est devant, qui est sur le côté, qui est derrière, et quelle est la distance maximale que l’on s’impose ?
- le plongeur qui guide les autres : qui possède un compas ?
- le retour au bateau : nage-t-on ou peut-il revenir vers nous ?
Communication
Les signes de temps de palier ou de DTR
Les signes de froid
Le signe de narcose
Les signes de mi-pression et de réserve, en fonction de la pression initiale dans la bouteille ou des conditions fixées par le DP ou les plongeurs autonomes (pression minimale au retour, etc.)
Planifier l’après-plongée
Les consignes de sécurité apprises au niveau 2 restent valables. Après une plongée, en particulier après une plongée profonde :
- ne pas prévoir d’activité sportive, bien se reposer,
- ne pas faire de deuxième plongée profonde dans la même journée,
- prévoir de rester tous ensemble pendant les heures suivant la sortie de l’eau.