Rappels : relire les procédures de désaturation (N1)
Table of Contents
Les différents moyens de décompression
Nous avons vu au niveau 1 qu’il existe deux types de moyens de décompression : l’ordinateur de plongée, utilisé quasi-systématiquement, et les tables accompagnées d’un profondimètre et d’une montre, qui ne sont plus utilisées que pour illustrer les principes de désaturation par paliers.
Au niveau 1, nous plongions encadrés, donc c’est souvent le guide de palanquée qui prenait en charge la décompression. Au niveau 2, les choses changent, il n’y aura plus de guide de palanquée dans les plongées en autonomie : ce sera donc aux plongeurs de gérer cette phase de la plongée !
😲 Vais-je devoir me procurer un ordinateur ?
Il faudra tout au moins en disposer d’un lors des plongées en autonomie, cela est obligatoire en milieu naturel. Il est en général conseillé d’avoir le sien afin de bien en connaître le fonctionnement. Si l’on choisit d’en louer ou en emprunter un à chaque fois, il faudra bien prendre le temps de lire la notice et étudier son fonctionnement avant chaque plongée.
L’ordinateur de plongée
Pour suivre ce cours, munissez-vous de votre ordinateur si vous en possédez déjà un !
Les informations ci-dessous sont assez générales mais dépendent parfois de la marque et du modèle de l’ordinateur. Une étape s’imposera après le cours, lire la notice de l’ordinateur. Encore une fois, bien connaître le fonctionnement de l’instrument que l’on utilise est une condition de sécurité extrêmement importante.
Quelques captures d’écran d’ordinateurs sont publiées pour comparaison.
Quelques rappels sur le fonctionnement général
Le rôle principal d’un ordinateur est de donner au plongeur les informations pour lui assurer une désaturation (parfois dite décompression) correcte, c’est-à-dire effectuer des paliers et suivre une certaine vitesse de remontée. Les ordinateurs sont aujourd’hui des instruments de plus en plus complets qui disposent de bien d’autres fonctions, mais nous y reviendrons plus tard.
L’allumage de l’ordinateur peut se faire en pressant sur un bouton, mais se fait généralement aussi automatiquement à la mise à l’eau (l’instrument détecte la présence d’eau à proximité au moyen de capteurs de conductivité électrique) ou à l’immersion (le capteur de pression réveille l’appareil).
Avant la plongée, certains ordinateurs disposent d’un écran initial (PRE-DIVE), automatique ou actionné manuellement :

L’affichage en cours de plongée
A la descente, l’enregistrement de la plongée commence automatiquement. Tous les ordinateurs affichent en permanence sur l’écran deux informations essentielles pendant la plongée : la profondeur actuelle et la durée de plongée écoulée. Ces informations commencent généralement à être mesurées dès lors que la pression dépasse un certain seuil, par exemple dès 1 ou 2 mètres de profondeur.

L’ordinateur affiche aussi généralement la profondeur maximale atteinte, en permanence ou via la pression sur un bouton.
Nous n’étudierons pas en détail le fonctionnement interne de l’instrument, qui dépend fortement de la marque et n’est pas toujours public. Ce qu’il faut retenir est que l’ordinateur simule le phénomène de saturation en azote dans le corps humain tout au long de la plongée, puis sa désaturation à partir du moment où le plongeur commence à remonter. Ce calcul est fait en permanence, en découpant la plongée en de petites unités de temps très courtes (quelques secondes) au cours desquelles l’ordinateur considère que la profondeur était constante, et ajoute ou supprime donc une certaine quantité d’azote dans le corps.
Tout au long de la plongée, l’ordinateur va calculer deux informations : la profondeur et la durée des paliers que le plongeur devra effectuer.
Les paliers
La plupart des ordinateurs affichent au début de la plongée que le plongeur se trouve dans la phase sans paliers, par une indication du type « NO DECO » ou « NO DEC TIME ». Pendant cette phase, si le plongeur souhaite remonter à un instant, aucun palier ne sera obligatoire. Cette indication peut être accompagnée d’un temps : « NO DECO 5 MIN », « NO DECO 2 MIN », « NO DECO 1 MIN », qui est le temps que le plongeur peut rester à cette même profondeur avant d’avoir à effectuer des paliers à la remontée. Ce temps est décroissant jusqu’à atteindre 0.
En début de plongée, à très faible profondeur, la durée sans paliers est souvent très longue, ce qui amène l’ordinateur à afficher une indication du type « NO DECO 99 MIN ». Plus on descend, plus cette durée va diminuer vite (au-delà même du temps mis pour descendre).
Au-delà, l’ordinateur indiquera que le plongeur doit effectuer des paliers s’il souhaite remonter à cet instant. Certains ordinateurs affichent la durée du premier palier à effectuer : « DECO 6M 1MIN » s’il a calculé que le plongeur devra effectuer un palier de 1 minute à 6 mètres puis un autre palier à 3 mètres (et oui, au niveau 2, lors de plongées profondes, il peut arriver que l’on doive effectuer plusieurs paliers, de moins en moins profonds, par exemple à 6 mètres puis 3 mètres !) D’autres ordinateurs préfèrent afficher la durée totale de remontée (parfois par l’abréviation « ASC » pour ascending time), qui est la durée que mettra le plongeur pour regagner la surface en respectant tous les paliers s’il décide de remonter à cet instant.

Si le plongeur reste à la même profondeur, ces temps seront croissants : « DECO 3M 3MIN », « DECO 3M 4MIN », … « DECO 3M 6MIN », « DECO 6M 1 MIN » (cas où il y aura d’autres paliers moins profonds, à 3 mètres par exemple). Il en est de même pour la durée totale de remontée.
Si le plongeur continue de descendre, ces temps augmenteront encore plus rapidement.
Si le plongeur commence à remonter très lentement, ils peuvent diminuer, car l’ordinateur commence à désaturer, c’est-à-dire que son modèle de corps humain évacue l’azote progressivement.
Lorsque le plongeur atteint la profondeur de premier palier calculée par l’ordinateur, celui-ci commencera automatiquement à décompter le temps passé, à l’aide d’un compteur : par exemple si le palier est de 3 minutes, « 3:00 », « 2:59 », « 2:58 », … , « 2:01 », « 2:00 », « 1:59 », … , « 0:03 », « 0:02 », « 0:01 », « 0:00 » puis plus rien : le palier est alors terminé, le plongeur peut remonter en surface.

Avec certains modèles, il faut se trouver à une profondeur très précise pour que le palier commence à être décompté. Sur d’autres, on peut se trouver dans une certaine zone, par exemple entre 3 et 5 mètres.
Les paliers obligatoires et le palier de sécurité
Les paliers dont nous parlions jusqu’ici sont dits paliers obligatoires, c’est-à-dire que le plongeur doit impérativement les effectuer. Nous avons vu au niveau 1 qu’il existe aussi un palier de sécurité, généralement de 3 minutes à 3 mètres, que l’on peut s’imposer en fin de plongée même lorsque l’ordinateur n’a pas affiché de palier obligatoire, par exemple si la plongée a été courte ou peu profonde.
En fait, dans ce cas de figure, certains ordinateurs affichent un décompte de ce palier quand on arrive à 3 mètres de profondeur, en mentionnant quelque chose comme « SAFE STOP ». Le plongeur est libre de ne pas respecter ce temps (entièrement ou partiellement) et remonter directement à la surface : l’ordinateur arrêtera alors le décompte et ne se bloquera pas. C’est une aide au décompte du palier de sécurité, ni plus, ni moins.
La vitesse de remontée
Si le plongeur remonte plus vite qu’une certaine vitesse maximale fixée par l’ordinateur, celui-ci émettra généralement une alerte sonore et une alerte visuelle sur l’écran (flèche « TOO FAST » par exemple), pour inciter le plongeur à ralentir. Si la vitesse est vraiment trop rapide, l’instrument peut se bloquer pendant une certaine période après la plongée, pour inciter le plongeur à ne plus replonger pendant ce laps de temps (l’expression consacrée est un ordinateur en carafe).

L’affichage en fin de plongée
Certains ordinateurs disposent d’un affichage de fin de plongée, résumant les paramètres principaux (profondeur maximale, durée de plongée, température). Cet affichage peut durer quelques minutes. Il permet de consulter rapidement ces informations pour pouvoir les fournir au directeur de plongée ou à un moniteur. L’écran peut aussi afficher l’intervalle de surface écoulé, qui est une information importante lorsque l’on projette de retourner plonger juste après.

Après la plongée
Au-delà d’un certain temps, l’ordinateur s’éteint généralement tout seul. Pour consulter les informations relatives à la dernière plongée effectuée ou les précédentes, on peut consulter le journal d’enregistrement (ou log). Celui-ci permet généralement de faire défiler les différentes plongées réalisées par ordre chronologique inversé (de la plus récente à la plus ancienne) et affiche les paramètres associés.

En sortant de l’eau, un des réflexes du plongeur autonome (au moins un par palanquée) doit être d’aller à la rencontre du directeur de plongée et de lui annoncer ses paramètres. Par paramètres, on entend au minimum les informations de profondeur maximale et de durée de plongée. Peuvent s’ajouter aussi les paliers effectués (« nous avons effectué 3 minutes de palier à 3 mètres » par exemple). S’ajoutent ensuite évidemment tous les incidents éventuellement rencontrés : si une remontée rapide a eu lieu, si un palier n’a pas pu être respecté, si un plongeur a connu une panne d’air, il ne faut pas hésiter à le préciser.
Si le plongeur n’a pas ses paramètres en tête (c’est mal 😄), il peut donc les consulter dans le journal de son ordinateur (le « log »).
Les plongées multiples
😎 Et si j’ai la chance de faire plusieurs plongées dans la même journée ?
Il arrive souvent que l’on ait la possibilité de plonger plusieurs fois dans la même journée, par exemple deux.
Il faut se rappeler que la désaturation du corps en azote ne se fait pas qu’à la remontée, mais aussi après la plongée. (C’est pour cela qu’il est conseillé d’éviter les efforts violents ou les vols en avion sans observer auparavant un délai d’attente minimal.) Le corps continue pendant quelques heures de désaturer, c’est-à-dire évacuer l’azote accumulé. Si l’on décide de replonger entre temps, on repart donc avec une quantité d’azote dans l’organisme supérieure à celle que l’on aurait eu si l’on avait eu totalement le temps de désaturer (par exemple en attendant une longue durée, 24 heures). On dispose donc d’azote résiduel auquel va s’ajouter l’azote accumulé pendant la deuxième plongée, ce qui va imposer d’effectuer plus de paliers que si l’on n’avait pas plongé auparavant !
🤔 Mais comment prendre en compte cet azote résiduel dans mes paliers de la seconde plongée ?
Pas de panique, l’ordinateur fait ce calcul très bien ! En fait, il simule la désaturation de l’organisme pendant toute la remontée, mais continue à actualiser le calcul du taux d’azote dans l’organisme après la plongée, même lorsque l’écran est éteint ! Si l’on replonge par la suite, il reprendra dans ses calculs de paliers le taux d’azote qu’il avait à l’immersion de la deuxième plongée. Le plongeur n’aura qu’à suivre les indications de palier que l’instrument affichera, qui seront simplement plus longs ou plus profonds.
Le mode planification
Une fonctionnalité intéressante et importante, présente sur quasiment tous les ordinateurs, est le mode planification. Il est accessible en surface, via les menus (souvent « PLAN »).
Le mode planification permet de consulter, en avance, les paliers (ou la durée totale de remontée) que l’ordinateur imposera aux plongeurs s’ils plongent à une certaine profondeur pendant une certaine durée.
Si par exemple, nous décidons de visiter une épave située à 18 mètres et d’y rester 40 minutes, on peut indiquer ces deux informations à l’ordinateur, qui affichera en retour le temps de palier obligatoire que les plongeurs devront respecter à l’issue de la visite de l’épave. Si l’épave est inclinée et descend jusqu’à une profondeur de 20 mètres, faire évoluer le premier paramètre permet de constater, en avance, que l’instrument prévoit peut-être des paliers plus longs pour cette même plongée. De la même façon, si l’on simule une plongée plus longue, par exemple en faisant défiler le paramètre de temps de 40 à 45, 50, 55, puis 60 minutes, on constate l’allongement du temps de palier ou de durée totale de remontée.

Cette information est utile à plusieurs égards :
- D’abord, elle permet de discuter en avance, avec la palanquée, de ce que prévoit chacun des ordinateurs des coéquipiers. Nous reviendrons à cette phase essentielle plus tard.
- Ensuite, elle permet de connaître plus précisément en avance la durée totale de la plongée, qui peut s’allonger rapidement lorsque la plongée s’effectue à grande profondeur (une minute supplémentaire passée à 40 mètres peut facilement allonger un temps de palier de 5 minutes). L’information a une conséquence directe sur la consommation d’air prévisionnelle et peut jouer en faveur du choix d’une bouteille de taille plus importante. Enfin, elle est utile pour le directeur de plongée, qui souhaite connaître approximativement quand les plongeurs sortiront de l’eau.
Le durcissement de la sécurité
Il existe sur certains ordinateurs des options permettant de renforcer la sécurité du plongeur, qui augmentent la vitesse de saturation en azote ou diminuent la vitesse de désaturation dans la simulation du corps humain faite par l’électronique. Ces options peuvent notamment prendre la forme d’un mode « SECU 1 », « SECU 2 », « SECU 3 » (safety factor, protection factor, sensibilité respiratoire, etc.). Elles allongent le temps de palier imposé au plongeur, diminuent le temps sans paliers ou imposent des paliers plus tôt. Un plongeur peut être encouragé à durcir le fonctionnement de son ordinateur en sélectionnant ce mode à la suite d’un accident de décompression ou en raison de son âge par exemple.

Le réglage du type d’eau
Certains ordinateurs permettent de régler le type d’eau dans lequel on évolue : eau salée (en mer, dans l’océan) ou eau douce (en lac, en carrière, en rivière, ou en fosse). L’eau salée ayant une masse volumique plus élevée, la mesure de la pression en est affectée. Dans les options peut donc figurer un paramètre SALT WATER ou FRESH WATER.

Les ordinateurs ne disposant pas de cette option sont généralement étalonnés pour la mer. En eau douce, la valeur réelle de la pression absolue (et donc de la profondeur) est inférieure de 3% à celle de la pression mesurée (et donc de la profondeur affichée).
Le réglage de l’altitude
En altitude, la pression atmosphérique est plus faible, inférieure à sa valeur d’un bar au niveau de la mer. Si l’on s’immerge dans un lac de montagne, la pression absolue à une certaine profondeur est donc inférieure à la valeur qu’elle aurait en mer. Ce paramètre doit être pris en compte par l’ordinateur, qui estime la profondeur en fonction de sa mesure de la pression.
Pour cela, la plupart des ordinateurs disposent d’un paramètre de réglage de l’altitude, par niveaux. Par défaut, l’altitude est réglée sur le premier niveau (par exemple A0), signifiant que la surface de l’eau se trouve entre le niveau de la mer et une altitude peu élevée, par exemple 700 mètres. Des niveaux supérieurs correspondent à des zones plus élevées (A1 entre 700 et 1500 mètres, A2 entre 1500 et 2400 mètres, A3 entre 2400 et 3400 mètres, etc.)
Ces valeurs ne sont que des exemples. Les valeurs exactes sont spécifiées dans le manuel de l’ordinateur.

Le réglage des paliers profonds
Certains ordinateurs disposent d’un paramètre qui, lorsqu’il est activé, occasionne des paliers entre 20 et 10 mètres de profondeur au cours de la remontée, dits paliers profonds (ou DEEP STOP). Un temps recommandés, ils ne sont aujourd’hui plus jugés utiles et même considérés comme dangereux. Ce paramètre est souvent désactivé par défaut.

Les limites de l’ordinateur
Un ordinateur est un instrument électronique qui n’a souvent que peu d’informations sur la physiologie réelle du plongeur. Même si certains modèles récents et très chers peuvent être accompagnés d’un cardiofréquencemètre qui mesure le rythme cardiaque, cette information n’est pas forcément représentative de l’état complet de l’individu. L’état de fatigue en début de plongée, les efforts réalisés en cours de plongée, les incidents qui ont pu intervenir sont autant de données que l’ordinateur n’a pas pu prendre en compte.
La réinitialisation de la saturation
Certains ordinateurs disposent d’une option permettant d’effacer le niveau de saturation calculé par l’algorithme, pour le remettre à zéro (RESET ou ERASE DESAT). Lors de la prochaine plongée, l’appareil considérera que le plongeur n’a pas plongé récemment et n’a donc pas saturé en azote. Si elle est activée alors que l’on a plongé au cours des dernières vingt-quatre heures, le calcul de la désaturation est faussé, donnant des paliers plus courts que ce qu’ils auraient dû être. Son utilisation est donc très dangereuse.
Cette option n’a quasiment jamais d’utilité, à part si l’on souhaite prêter son ordinateur à quelqu’un (qui lui-même n’a pas plongé dans les dernières vingt-quatre heures). Elle est juste abordée ici pour éviter qu’elle ne soit utilisée sans savoir ce que l’on fait. En général, elle requiert une confirmation manuelle de la part de l’utilisateur, en entrant un code présent dans la notice de l’ordinateur.

Les autres indications de l’ordinateur, en rapport avec la désaturation
L’ordinateur peut afficher :
Pendant la plongée :
- la mesure de la vitesse instantanée de remontée : « 10 M/MIN », qui augmentera si la remontée accélère : « 12 M/MIN », « 15 M/MIN », etc.
- le pourcentage de saturation de l’organisme (tel que calculé), par une barre de chargement latérale par exemple.
Remarque : Attention, sur certains ordinateurs, la barre latérale représente la vitesse instantanée de remontée, en pourcentage de la vitesse maximale autorisée.
Après la plongée :
- le décompte du temps total de désaturation, qui est le temps que l’ordinateur estime nécessaire à l’organisme pour évacuer tout l’azote accumulé pendant la plongée,
- le décompte du temps sans avion (ou « NO FLY TIME ») et sans montée en altitude, souvent un temps standard de 24 heures après la sortie de l’eau,
- les informations de la dernière plongée et des précédentes dans un journal (souvent « LOG »), notamment la profondeur maximale, la durée de plongée, la température minimale, les paliers éventuels, les événements particuliers (remontée rapide), etc.

Les autres fonctions de l’ordinateur, hors désaturation
Les ordinateurs peuvent afficher d’autres informations, pas nécessairement utilisées dans l’algorithme interne de calcul de la désaturation, mais qui peuvent intéresser le plongeur.
En cours de plongée :
- la température actuelle de l’eau.
Après la plongée :
- la courbe du profil de plongée (profondeur en fonction du temps),
- la température minimale ou moyenne pendant la plongée.
La courbe de plongée, ainsi que l’évolution de certains grandeurs physiques mesurées peut aussi être lue sur un ordinateur de bureau, en utilisant le câble de liaison USB de l’ordinateur de plongée.
Enfin, il est aussi possible d’utiliser certains ordinateurs de plongée en mode profondimètre (BOTTOM TIMER). Lorsqu’il est activé, il n’effectue plus aucun calcul de désaturation, mais continue d’afficher le temps de plongée et la profondeur. Ce mode est très peu utile en pratique. Il faut faire attention à ne pas l’activer par erreur, faute de quoi aucun palier ne sera affiché !

Les tables de décompression
Généralités
Nous avons étudié au niveau 1 le principe de base des tables de décompression : pour une plongée à une certaine profondeur et d’une certaine durée, la table donne une certaine durée de palier à effectuer à la remontée, avant de faire surface et remonter sur le bateau. Jusqu’ici, nous n’avions rencontré que des paliers à une seule profondeur : 3 mètres. Par la suite, nous allons remarquer que la plongée à des profondeurs plus importantes fait grimper rapidement la durée des paliers et occasionne parfois de faire plusieurs paliers : au cours de la remontée (depuis 30 mètres par exemple), la palanquée remonte jusqu’à une profondeur de 6 mètres, y marque un arrêt, puis remonte jusque 3 mètres, y marque un second arrêt, puis remonte à la surface. Pour des plongées encore plus profondes (40 mètres) et assez longues, on peut même voir apparaître trois paliers : à 9 mètres, puis 6 mètres et enfin 3 mètres. Ces colonnes de temps apparaissent dans la table de la même façon que celle du palier à 3 mètres, pour les profondeurs considérées.
Par la suite, nous allons ajouter une petite complexité, due au fait que le phénomène de désaturation dans le corps ne se termine pas en atteignant la surface, mais continue bien au-delà, pendant des heures, le temps que l’organisme évacue l’azote qu’il a emmagasiné pendant la plongée. Mais que se passe-t-il si le plongeur décide de repartir plonger entre temps ? Lorsqu’il partira, il aura donc dans son organisme un taux d’azote supérieur à celui qu’il aurait eu s’il n’avait pas plongé auparavant : on appelle cela l’azote résiduel, c’est l’azote qu’il reste dans le corps depuis la dernière plongée. La procédure à suivre va dépendre du temps que le plongeur a passé en surface. Nous distinguerons trois cas : le plongeur fait une seule plongée, le plongeur fait deux plongées séparées d’un tout petit intervalle de temps, et le plongeur fait deux plongées séparées d’un grand intervalle de temps.
Dans ce qui suit, les tables utilisées seront les tables fédérales de décompression MN90-FFESSM, dont une version est disponible ici.
Conditions d’utilisation des tables
Une plongée simple
On appelle plongée simple une plongée effectuée au moins 24 heures après une précédente plongée. Pendant ce temps, l’organisme a eu le temps d’évacuer complètement l’azote accumulé pendant la précédente sortie. On fait comme si le plongeur n’avait pas plongé auparavant. L’utilisation des tables est directe, par la méthode vue au niveau 1. Allons-y, c’est l’occasion d’en réviser leur utilisation basique !
Exemple 1 : Une palanquée se met à l’eau et effectue une plongée de profondeur maximale atteinte de 40 mètres. Elle décide de remonter après 20 minutes. Dans les tables, on cherche le tableau qui correspond à cette profondeur et on y cherche la durée de 20 minutes. La ligne des paliers indique « 1 minute » dans la colonne du palier à 6 mètres et « 9 minutes » dans la colonne du palier à 3 mètres. Au cours de sa remontée, la palanquée devra donc marquer un arrêt d’une minutes à 6 mètres, puis remonter à 3 mètres et y marquer un arrêt de 9 minutes, avant de pouvoir faire surface.
Intéressons-nous aussi au temps de remontée. Entre le moment où la palanquée quitte le fond (40 mètres) et l’arrivée au premier palier (6 mètres), la vitesse de remontée est de 16 mètres par minute, soit un temps de remontée de (40-6)/16 = 2,1 que l’on arrondit à 3 minutes. Ensuite, le temps de remontée entre les deux paliers et entre le deuxième palier et la surface doit être de 30 secondes à chaque fois.
Rappels : Si l’on ne trouve pas un tableau correspondant à une certaine profondeur, on sélectionne la profondeur immédiatement supérieure. Si dans un tableau, on ne trouve pas la durée correspondant à notre plongée, on lit la durée immédiatement supérieure. Pour le retenir, c’est simple : on va toujours dans le sens de la sécurité, car prendre une profondeur supérieure allongera les paliers pour cette même plongée, pendant lesquels l’organisme désature pour éviter un accident de décompression.
Exemple 2 : Une palanquée se met à l’eau et effectue une plongée de profondeur maximale atteinte de 21 mètres. Elle décide de remonter après 54 minutes. Dans les tables, on cherche le tableau qui correspond à la profondeur de 21 mètres, qui n’existe pas, donc on prend la profondeur immédiatement supérieure : 22 mètres. Dans ce tableau, on cherche la durée de 54 minutes, qui n’existe pas, donc on choisit la durée immédiatement supérieure : 55 minutes. La ligne des paliers indique « 16 minutes » dans la colonne du palier à 3 mètres. Au cours de sa remontée, la palanquée devra donc marquer un arrêt de 16 minutes à 3 mètres avant de pouvoir faire surface.
Exemple 3 : Une palanquée se met à l’eau et effectue une plongée de profondeur maximale atteinte de 34 mètres. Elle décide de remonter après 44 minutes. Dans les tables, on cherche le tableau qui correspond à la profondeur de 34 mètres, qui n’existe pas, donc on prend la profondeur immédiatement supérieure : 35 mètres. Dans ce tableau, on cherche la durée de 44 minutes, qui n’existe pas, donc on choisit la durée immédiatement supérieure : 45 minutes. La ligne des paliers indique « 9 minutes » dans la colonne du palier à 6 mètres, et « 39 minutes » dans la colonne du palier à 3 mètres. Au cours de sa remontée, la palanquée devra donc marquer un arrêt de 9 minutes à 6 mètres, puis remonter à 3 mètres et y marquer un arrêt de 39 minutes, avant de pouvoir faire surface.
Comme on le remarque, les paliers peuvent être très longs ! Ces deux exemples illustrent le fait que l’augmentation de la durée ou du temps de la plongée (avant remontée) ont un impact majeur sur le protocole de désaturation et donc sur le temps total de la plongée (paliers inclus), ce qui a une incidence directe sur la consommation d’air, sur le froid, et la fatigue !
En fait, la table maximise la désaturation car elle a été calculée pour une plongée effectuée entièrement à la profondeur maximale (hors remontée), dite à profil carré, donc une plongée pendant laquelle l’organisme a fortement saturé. En pratique, la plongée commence toujours par la descente à la profondeur maximale, mais se poursuit ensuite lentement à des profondeurs moindres, par exemple en explorant le long d’un tombant qui va jusqu’à la surface. De fait, l’organisme sature beaucoup moins en azote, et commence même à désaturer pendant cette « fausse » remontée. Les ordinateurs de plongée ont un fonctionnement différent des tables, et essayent d’imiter le phénomène de saturation-désaturation continue dans le corps en recalculant les paliers à chaque instant, en prenant en compte le fait que le plongeur n’est plus forcément à la profondeur maximale. Par conséquent, il est probable que les deux exemples ci-dessus, pour des plongées effectuées en remontant progressivement après être descendu à la profondeur maximale, auraient donné sur un ordinateur des paliers bien moins longs.
Les plongées consécutives
On appelle plongées consécutives deux plongées entre lesquelles le plongeur est resté en surface pendant un intervalle de temps (dit intervalle de surface) strictement inférieur à 15 minutes.
Le calcul des paliers de la première plongée se fait normalement, par la méthode vue précédemment.
Le calcul des paliers de la deuxième plongée se fait en considérant que cette deuxième plongée est la continuité de la première, comme si nous avions plongé une seule fois sans remonter. Les paliers se lisent dans les tableaux en utilisant les deux valeurs suivantes :
- la profondeur maximale atteinte pendant les deux plongées,
- la somme des temps des deux plongées (hors durée de remontée de la première).
Remarque 1 : On ne compte pas la durée de la remontée de la première plongée.
Remarque 2 : En pratique, la profondeur maximale est souvent atteinte lors de la première plongée. Nous en étudierons la raison plus tard.
Exemple 4 : Une palanquée effectue une première plongée dont la profondeur maximale est de 20 mètres et dont le temps de plongée (avant de remonter) est de 45 minutes. Elle devra donc effectuer 1 minute de palier à 3 mètres. Elle atteint ensuite la surface. Les plongeurs mettent 13 minutes pour retourner au bateau, récupérer un appareil photo qu’ils avaient oublié, et entamer une nouvelle descente. Commence alors la deuxième plongée, dite consécutive. Les plongeurs descendent à 14 mètres, prennent quelques photos d’un rocher et continuent la plongée le long d’un petit chemin de corail qui remonte lentement jusque 7 mètres. Arrivés à cet endroit au bout de 39 minutes après la seconde immersion, les plongeurs décident d’arrêter la plongée et entamer la remontée. La profondeur à prendre en compte pour le calcul des paliers de cette deuxième plongée est de 20 mètres (même si elle a été atteinte lors de la première plongée). On cherche donc le tableau correspondant : 20 mètres. La durée de la seconde plongée à prendre en compte est donc de 45 minutes + 39 minutes, soit 1 heure et 24 minutes. On lit donc la ligne 1h25, qui indique que les plongeurs devront effectuer un palier de 30 minutes à 3 mètres.
Exemple 5 : Une palanquée effectue, dans un lac, une première plongée dont la profondeur maximale est de 31 mètres et dont le temps de plongée (avant de remonter) est de 24 minutes. Elle devra donc effectuer 6 minutes de palier à 3 mètres. Arrivés en surface, les plongeurs mettent 12 minutes pour retourner au bord, changer de bouteilles et entamer une nouvelle descente. Commence alors la deuxième plongée, qui est consécutive. Les plongeurs descendent à 23 mètres, y restent quelque temps puis décident d’arrêter la plongée et d’entamer la remontée. Le temps écoulé entre la seconde immersion et cet instant est de 20 minutes. La profondeur à prendre en compte pour le calcul des paliers est donc de 31 mètres (dont le tableau n’existe pas, donc on prend celui de la profondeur immédiatement supérieure, de 32 mètres, comme lors de la lecture des paliers de la première plongée). La durée de la seconde plongée à prendre en compte est de 24 minutes + 20 minutes, soit 44 minutes. On lit donc la ligne 45 minutes, qui indique que les plongeurs devront effectuer un premier palier de 4 minutes à 6 mètres, puis un deuxième palier de 34 minutes à 3 mètres !
Les plongées successives
On appelle plongées successives deux plongées entre lesquelles le plongeur est resté en surface pendant un intervalle de temps (l’intervalle de surface) strictement supérieur à 15 minutes.
Le calcul des paliers est légèrement plus complexe et fait intervenir deux planches de tableaux supplémentaires :
- le tableau 1 : évolution de l’azote résiduel entre deux plongées,
- le tableau 2 : détermination de la majoration en minutes.
Le principe est le suivant : avant le début de la deuxième plongée, on évalue le taux d’azote restant dans l’organisme, c’est-à-dire la quantité d’azote qui n’a pas eu le temps d’être évacuée pendant l’intervalle de surface et que le plongeur emportera donc avec lui. Ce taux de deux facteurs :
- un paramètre appelé groupe de plongée successive qui est représente la sévérité (en profondeur et en temps passé en immersion) de la première plongée,
- et le temps que l’on a passé en surface.
La croissance du premier paramètre aura tendance à faire augmenter ce taux d’azote résiduel tandis que le second aura tendance à le faire diminuer.
Ce taux d’azote résiduel, conjugué avec la profondeur de la deuxième plongée, déterminera une majoration, qui une valeur de temps fictif qu’il faudra ajouter au temps effectif de la deuxième plongée, pour laquelle on lira les paliers dans les tables de façon habituelle. Comme la plongée sera considérée fictivement comme plus longue, les paliers seront alors plus importants.
Voici la méthode étape par étape :
- Le calcul des paliers de la première plongée est inchangé : on lit les temps et profondeurs de paliers dans les tables en utilisant la profondeur maximale et la durée de plongée écoulée jusqu’à ce que la palanquée décide de remonter. (Les mêmes règles s’appliquent si l’on ne trouve pas la profondeur ou durée exacte : on prend la valeur immédiatement supérieure).
- Sur la même ligne qu’à l’étape précédente, on regarde la lettre qui est inscrite dans la colonne groupe de plongée successive (GPS).
- Ensuite, dans le tableau 1, on vient sélectionner la ligne correspondant à ce GPS, en lisant les lettres successives de la première colonne.
- On parcourt ensuite les autres colonnes de ce tableau 1 pour y rechercher la valeur de notre intervalle de surface. Si l’on ne la trouve pas exactement, on sélectionne la valeur immédiatement inférieure : cela va dans le sens de la sécurité, car on simule que le plongeur a eu moins de temps pour désaturer, ce qui augmentera ses paliers (*).
- On lit la valeur au croisement de la ligne et de la colonne sélectionnées : c’est notre taux d’azote résiduel.
- Dans le tableau 2, on vient chercher la ligne correspondant à cette valeur, en lisant les taux successifs dans la première colonne. Si l’on ne trouve pas la valeur exacte, on sélectionne la valeur immédiatement supérieure.
- On parcourt ensuite les autres colonnes de ce tableau 2 pour y rechercher la valeur de la profondeur de notre deuxième plongée. Si l’on ne trouve pas la valeur exacte, on sélectionne la valeur immédiatement supérieure.
- On lit la valeur au croisement de la ligne et de la colonne sélectionnées : c’est notre majoration.
- On additionne cette majoration et la durée de notre deuxième plongée, mesurée entre le moment de l’immersion et le moment où la palanquée entame sa remontée (comme pour la première plongée) : ce sera notre durée de plongée fictive.
- Dans les tables, on cherche la valeur des paliers en utilisant la profondeur de notre deuxième plongée et cette durée de plongée fictive.
Exemple 6 : Une palanquée effectue une première plongée dont la profondeur maximale est de 19 mètres et dont le temps de plongée (avant de remonter) est de 44 minutes. On cherche les paliers de cette première plongée en utilisant le tableau de profondeur immédiatement supérieure (20 mètres) et le temps immédiatement supérieur (45 minutes). Le plongeur devra effectuer un palier d’une minute à 3 mètre. Dans la colonne GPS, sur la même ligne, on lit la lettre « I ». Les plongeurs font leur palier puis remontent sur le bateau pour déjeuner, avant de se réimmerger pour une deuxième plongée 1 heure et 45 minutes après avoir fait surface. Dans le tableau 1, on suit la ligne I et on cherche la colonne « 1h45 », qui n’existe pas, donc on sélectionne la suivante, « 2h ». A l’intersection de la ligne et de la colonne choisies, on lit le taux d’azote résiduel : 1,00. Les plongeurs se réimmergent jusqu’à une profondeur maximale de 13 mètres. Dans le tableau 2, on cherche la ligne dont le taux d’azote résiduel est de 1,00, qui n’existe pas, donc on sélectionne la valeur suivante : 1,03. On parcourt les colonnes pour chercher celles dont la profondeur est de 13 mètres, qui n’existe pas, donc on choisit la valeur suivante : 15 mètres. A l’intersection de la ligne et de la colonne sélectionnées, on lit la valeur de la majoration : 37 minutes. Au bout de 45 minutes après la deuxième immersion, les plongeurs décident de remonter. On additionne donc la durée de plongée réelle et la majoration : 45 + 37 = 82 minutes, soit 1h22. On cherche les paliers de la deuxième plongée normalement, en utilisant la profondeur (réelle) de 13 mètres et cette durée fictive, ce qui nous fait choisir le tableau 15 mètres et sa ligne 1h25 : le plongeur effectuera 4 minutes de palier à 3 mètres.
Exemple 7 : Une palanquée effectue une première plongée dont la profondeur maximale est de 29 mètres et dont le temps de plongée (avant de remonter) est de 35 minutes. Les plongeurs effectueront donc un palier de 17 minutes à 3 mètres. Sur la même ligne que cette valeur, on lit la lettre « J ». Les plongeurs font leur palier puis remontent sur le bateau pour faire la sieste et comparer leurs photos, avant de se réimmerger pour une deuxième plongée dans l’après-midi, 3 heure et 45 minutes après avoir fait surface. Dans le tableau 1, on suit la ligne J et on cherche la colonne « 3h45 », qui n’existe pas, donc on sélectionne la suivante, « 4h ». A l’intersection de la ligne et de la colonne choisies, on lit le taux d’azote résiduel : 0,91. Les plongeurs se réimmergent jusqu’à une profondeur maximale de 23 mètres. Dans le tableau 2, on cherche la ligne dont le taux d’azote résiduel est de 0,91, qui n’existe pas, donc on sélectionne la valeur suivante : 0,92. On parcourt les colonnes pour chercher celles dont la profondeur est de 23 mètres, qui n’existe pas, donc on choisit la valeur suivante : 25 mètres. A l’intersection de la ligne et de la colonne sélectionnées, on lit la valeur de la majoration : 11 minutes. Au bout de 32 minutes après la deuxième immersion, les plongeurs décident de remonter. On additionne donc la durée de plongée réelle et la majoration : 32 + 11 = 43 minutes. On cherche les paliers de la deuxième plongée normalement, en utilisant la profondeur (réelle) de 25 mètres et cette durée fictive, ce qui nous fait choisir le tableau 25 mètres et sa ligne « 45 min » : le plongeur effectuera 16 minutes de palier à 3 mètres.
🧐 Dans le tableau 2, je remarque que plus la profondeur de la deuxième plongée est importante, moins la majoration est grande, ce qui n’est pas logique, car du coup les paliers seront moins longs, non ?
Bien observé, mais à un détail près ! Plus la profondeur de la deuxième plongée est grande, plus on ira aussi lire les paliers dans un autre tableau des tables. Et en pratique, cela compense cette baisse de la majoration !
(*) On peut lire dans certains anciens ouvrages que si la valeur recherchée de l’intervalle de surface n’existe pas dans les tableaux, il faut prendre la valeur immédiatement supérieure : ce n’est pas une erreur ! En fait, les tables que nous utilisons sont les tables MN90-FFESSM, qui sont une reproduction par la FFESSM des tables MN90 avec un mode d’emploi modifié. Ces tables initiales, publiées par la Marine Nationale en 1990, utilisaient une règle différente : choisir l’intervalle de surface immédiatement supérieur. Certains ouvrages fondent leur explication sur cette version, tout simplement. Cette règle était contre-intuitive car elle n’allait pas dans le sens de la sécurité. Aujourd’hui, la recommandation est de suivre cette procédure actualisée : diminuer l’intervalle de surface considéré, en faisant comme si le plongeur avait eu moins de temps de pause pour désaturer, ce qui aura pour conséquence d’allonger ses paliers.
La courbe de plongée sans paliers
L’extension de la table jusque 40 mètres de profondeur
La courbe de plongée sans paliers (anciennement appelée courbe de sécurité) est une liste de valeurs donnant, pour une certaine profondeur maximale de plongée, le temps maximal que l’on peut rester à cette profondeur avant d’avoir à effectuer des paliers. Nous l’avions étudiée au niveau 1 jusque 20 mètres, profondeur à laquelle la durée de plongée devait être conséquente pour obtenir des paliers. Au niveau 2, nous allons pouvoir plonger à des profondeurs bien plus importantes, jusque 40 mètres. La courbe de sécurité complète est reproduite ci-dessous.
Profondeur maximale de la plongée | Temps maximal avant remontée avec paliers |
---|---|
12 mètres | 2 heures et 15 minutes |
15 mètres | 1 heure et 15 minutes |
20 mètres | 40 minutes |
25 mètres | 20 minutes |
30 mètres | 10 minutes |
35 mètres | 10 minutes |
40 mètres | 5 minutes |
Il faut remarquer que les valeurs de la deuxième colonne diminuent très vite ! Ainsi, lors d’une plongée à 35 mètres par exemple, pour ne pas avoir à effectuer de paliers, il faudrait que le temps écoulé entre le début de la descente et l’instant où la palanquée commence sa remontée vers la surface ne dépasse pas 10 minutes, ce qui est court ! En pratique, les plongées dans cet espace entre 20 et 40 mètres (dit espace lointain) sont rarement sans paliers.
Remarque : Le temps maximal de plongée sans paliers pour une profondeur maximale de 30 mètres est le même que pour 35 mètres (10 minutes), ce n’est pas une erreur.
Le lien avec les tables
La courbe de sécurité précédente est en fait issue des tables fédérales de décompression MN90-FFESSM : si l’on cherche les paliers à effectuer pour une plongée à 15 mètres, on trouve « 0 minute à 3 mètres » pour toute durée inférieure ou égale à 1h15, et un temps non nul pour toute durée de plongée supérieure (par exemple : « 2 minutes à 3 mètres » si la plongée dure 1h20). Le temps de plongée maximal sans palier est donc de 1h15.
Exercice : Pour se familiariser avec le principe, retrouver toutes les valeurs de la courbe dans les tables !
Nous avons vu précédemment que si l’on plonge avec un ordinateur (ce qui est le plus courant), il faut suivre le protocole de désaturation qui est donné par l’instrument, qui diffère selon la marque et le modèle. Par exemple, si après 5 minutes de plongée à 35 mètres, il prévoit déjà des paliers pour la remontée, le plongeur devra les suivre. Inversement, si après 15 minutes de plongée à 35 mètres, l’instrument n’a toujours pas prévu de paliers, le plongeur peut remonter directement à la surface. Par conséquent, connaître et utiliser la table peut sembler inutile si l’on possède un ordinateur. Ce n’est pas tout à fait vrai : il est toujours bon de connaître quelques ordres de grandeur afin de ne pas toujours faire aveuglément confiance à l’électronique !
La cohabitation des différents moyens de décompression
Une palanquée autonome, constituée d’un maximum de trois plongeurs, peut connaître autant de moyens de décompression ! Par exemple, un plongeur peut disposer d’un ordinateur de marque A, un autre de marque B (ou de marque A mais de modèle différent), et le troisième utiliser des tables de décompression avec un profondimètre et une montre (cas extrêmement rare, quand même). Ceux-ci peuvent avoir un fonctionnement différent et donner des résultats différents pour ce qui est du protocole de désaturation.
🤯 Quels paliers et quelle vitesse de remontée faut-il suivre alors ?
Nous allons voir que la réponse est très simple : il faut toujours aller dans le sens de la sécurité.
Les paliers
Aucun plongeur ne doit sciemment éviter un palier obligatoire. Lorsque la palanquée remontera, elle devra s’arrêter au premier palier imposé par un plongeur, l’effectuer en entier, puis continuer la remontée jusqu’au prochain palier imposé par tout autre plongeur, à respecter entièrement, et ainsi de suite.
Il est possible que lorsque la palanquée attend pour respecter le premier palier d’un plongeur, ceux d’un autre plongeur diminuent. Dans tous les cas, il faut suivre tous les paliers affichés pour tous les plongeurs.
Exemple : Pierre, Paul et Jacques décident de remonter. A 6 mètres, l’ordinateur de Pierre indique un palier de 5 minutes, celui de Paul un palier de 3 minutes, tandis que celui de Jacques n’en indique aucun. La palanquée reste donc stationnée à 6 mètres pendant 5 minutes. Ensuite, elle peut continuer de remonter. A 3 mètres, l’ordinateur de Pierre indique 3 minutes, celui de Paul 5 minutes et celui de Jacques 7 minutes. La palanquée reste donc 7 minutes à 3 mètres. Ensuite, si aucun ordinateur n’affiche plus de palier, la palanquée peut remonter en surface.
La vitesse de remontée
La vitesse de remontée maximale de la palanquée doit être la vitesse de remontée maximale qui est la plus basse entre les différents moyens de décompression. Sur les ordinateurs, elle est généralement fixée à une valeur proche de 10 mètres par minute. Attention, il faut noter que la vitesse maximale de remontée imposée par ces ordinateurs peut dépendre de la profondeur : par exemple, une valeur maximale de 12 mètres par minute jusque 6 mètres de profondeur, puis 10 mètres par minute entre 6 mètres et la surface.
Les tables de plongée MN90-FFESSM donnent quant à elle une valeur de 15 à 17 mètres par minute (jusqu’au premier palier, puis 6 mètres par minute entre les paliers et jusqu’à la surface).
Exemple : L’ordinateur de Pierre lui impose une remontée à une vitesse maximale de 12 mètres par minute, celui de Paul une vitesse de 10 mètres par minute, et celui de Jacques une vitesse de 11 mètres par minute. La palanquée devra donc remonter à 10 mètres par minute maximum. En pratique, c’est assez simple, aucun ordinateur ne doit sonner ou afficher d’alerte visuelle.
L’influence des différents paramètres
Le paramètre de sécurité optionnel : Si un plongeur de la palanquée a l’habitude de plonger en activant un paramètre de sécurité optionnel sur son ordinateur, il ne doit pas le désactiver juste pour éviter d’imposer ses paliers à ses coéquipiers : c’est aux autres de s’adapter, pas à lui ! Il est en revanche utile de les prévenir avant la plongée, afin qu’ils ne soient pas surpris d’un temps de palier anormalement long.
Le réglage de l’eau salée ou de l’eau douce : Les ordinateurs considèrent qui ne disposent pas de ce réglage sont étalonnés pour une utilisation en mer. En mesurant une pression absolue plus importante, ils considèrent donc que les plongeurs se trouvent un peu plus profonds qu’ils ne sont réellement, et calculent donc un temps de palier légèrement supérieur. En pratique, l’influence de ce paramètre sur le déroulement de la plongée est très faible et presque imperceptible. Il n’est donc pas indispensable d’en discuter avec ses coéquipiers avant la plongée, il y a déjà bien assez de sujets à aborder avant de se mettre à l’eau !