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Le froid

Rappels : relire les accidents de plongée (N1).

Pourquoi a-t-on froid ?

Le corps se refroidit beaucoup plus vite dans l’eau que dans l’air. Cela peut paraître étonnant mais c’est une propriété physique générale. Quelle que soit la température de l’eau, pourvu qu’elle soit inférieure à la température du corps (environ 38°C), le corps finit par se refroidir. Dans les mers chaudes, où l’eau peut atteindre des températures supérieures à 30°C, la sensation de froid met plus de temps à venir, mais elle finit par arriver lorsque l’on reste immergé longtemps.

Par ailleurs, certains facteurs personnels accentuent la sensation de froid :

  • n’avoir pas pris de petit-déjeuner avant une plongée du matin,
  • être fatigué (par manque de sommeil ou en raison d’une soirée endiablée la veille) 😴,
  • être malade, même légèrement 🤒,
  • avoir le mal de mer 🤢,
  • diverses pathologies ou particularités médicales 👩‍⚕️.

Parler de sensibilité personnelle au froid ne doit pas amener à penser qu’il existe une « résistance » au froid, par accoutumance ou par courage. Chacun est constitué différemment et notre état général n’est pas constant.

D’autres facteurs externes augmentent l’effet de refroidissement du corps, avant et après la plongée :

  • la présence de vent,
  • un long trajet en bateau (même par beau temps, car le déplacement du bateau crée un courant d’air froid autour des personnes, comme à vélo),
  • une longue attente sur le bateau entre deux plongées, en combinaison mouillée,

Enfin, en plongée, les facteurs principaux sont :

  • l’adéquation entre la température de l’eau d’une part, et le type et l’épaisseur de la combinaison et des accessoires (gants, cagoule) d’autre part,
  • la présence de courants froids,
  • la profondeur (la température diminue au fur et à mesure de la descente).

Il existe notamment une profondeur précise à laquelle la température chute brutalement de quelques degrés : la thermocline. Au passage de cette zone, on peut être surpris, le visage et les mains étant brusquement en contact avec de l’eau plus froide.

Enfin, la perte de chaleur est très importante au niveau de la tête. Ne pas porter de cagoule contribue fortement aux pertes thermiques.

Pourquoi est-ce dangereux ?

En surface, à terre, avoir froid n’est pas agréable, mais nous nous efforçons parfois de ne pas y faire attention. En plongée, la situation est bien différente. En effet, le froid constitue un élément qui augmente la probabilité d’occurrence de plusieurs accidents de plongée, au premier rang desquels l’accident de décompression : le froid perturbe la circulation du sang et ne permet plus d’assurer une correcte désaturation. Il faut donc y être particulièrement vigilant

Un plongeur qui a froid perd l’intérêt pour la plongée en cours. Il attend avec impatience la fin pour sortir de l’eau et se mettre au chaud. Cette pensée occupe tout son esprit. En exploration, il ne regarde plus vraiment la faune et la flore. En formation, il n’est plus concentré sur les exercices. Et en général, il n’est plus attentif à ses coéquipiers, ce qui est problématique car chacun est censé participer à la sécurité des uns et des autres (en cas de panne d’air, de malaise, etc.) De plus, sa consommation d’air augmente.

En résumé, il faut être proactif dans la gestion du froid, et – lorsque cela arrive – ne pas hésiter à le signaler et imposer d’arrêter la plongée. C’est une question de confort mais aussi de sécurité personnelle et de sécurité des autres plongeurs.

Que faire ?

Le bon sens doit prévaloir dans la gestion du froid. Les conseils ci-dessous en sont l’illustration.

Avant la plongée :

  • plonger reposé,
  • s’alimenter correctement, prendre un repas complet (notamment un petit-déjeuner) et chaud,
  • sur le bateau : se couvrir (en portant un coupe-vent en cas de météo forte)

Pendant la plongée :

  • porter une combinaison de type (humide, semi-étanche) et d’épaisseur adaptés à la température de l’eau (les épaisseurs varient usuellement de 3 à 7 millimètres),
  • porter une sous-combinaison (shorty, lycra, etc.) ou une surveste,
  • porter une cagoule, des gants, des chaussons ou des botillons,
  • ne pas hésiter à faire part de sa sensation de froid à ses coéquipiers (en particulier à l’encadrant), en faisant le signe « j’ai froid » et en ajoutant le signe « un petit peu », ce qui peut amener la palanquée à remonter vers des courants plus chauds,
  • ne pas hésiter à demander à arrêter la plongée, en faisant le signe « j’ai froid » suivi du signe « on remonte ».

Les épaisseurs de combinaison habituelles sont 3, 5, et 7 millimètres, même si des épaisseurs intermédiaires et supérieures peuvent être trouvées. Trois millimètres peuvent être suffisants en mer chaude (la mer Rouge, les Antilles) (voire même uniquement une combinaison à manches et jambes courtes, un « shorty »). Au moins cinq millimètres sont nécessaires en France. Pour plonger dans l’océan Atlantique ou la Manche, sept millimètres sont recommandés.

Après la plongée, sur le bateau :

  • se couvrir (par exemple d’un coupe-vent), voire même retirer la combinaison, se sécher, et porter des habits secs,
  • manger,
  • boire quelque chose de chaud (du thé ou du café sont souvent servis sur le bateau).

Enfin, se vanter d’avoir rarement froid est généralement une mauvaise idée, d’une part car, par peur des moqueries, il devient difficile d’admettre que l’on a froid le jour où cela arrive réellement, et surtout parce que cela contribue à inciter ceux qui sont dans le cas contraire à se forcer et se mettre en danger.

Les autres dangers du milieu

Un certain nombre d’autres dangers sont liés au milieu visité.

Sur le bateau

La houle et les vagues peuvent faire osciller le bateau et donner le mal de mer. Rencontrer ce type de désagrément en début d’un stage de plongée est normal, le temps que le corps s’habitue. Certains seront plus à l’aise une fois dans l’eau ou passé un à deux mètres de profondeur, dès que l’effet oscillatoire de la houle se fait moins sentir. En revanche, il faut savoir renoncer à la plongée lorsque l’on ne se sent pas bien du tout.

Les oscillations du bateau sous l’effet de la houle peuvent aussi occasionner des chutes lors des déplacements sur le pont, risque qui s’accroît au retour de la plongée lorsque le pont est trempé par l’eau des plongeurs qui remontent. Pour éviter les accidents lorsque l’on se déplace avec le scaphandre sur le dos, il faut se tenir à toute rambarde disponible lors des déplacements dans les coursives et sur la plage arrière du bateau, et se faire aider par les autres personnes à bord. La mise à l’eau par saut droit ou par bascule arrière est aussi un moment dans lequel il faut être attentif. C’est parfois le pilote du bateau ou le directeur de plongée qui donne le feu vert pour sauter.

Les longs trajets en bateau ou les périodes entre deux plongées passées à bord peuvent être l’occasion de passer du temps au soleil. Mais dans ce cas, gare aux coups de soleil et aux insolations. Les premiers sont douloureux et néfastes pour la peau, d’autant plus que les crèmes solaires peuvent être déconseillées ou interdites dans certaines zones de plongée comme les réserves car elles contiennent des produits toxiques pour l’environnement. L’insolation, quant à elle, est dangereuse avant toute plongée. Par conséquent, il est recommandé de se couvrir d’une casquette et d’un manteau ou se mettre à l’ombre dans la cabine du bateau (s’il y a assez de place) dans ces moments.

Les gaz d’échappements du bateau sont toxiques. Chacun doit éviter de les respirer avant et après la plongée. Il convient d’y être vigilant lorsque l’on se place sur le bateau (notamment si le moteur est bas) et lorsque l’on nage à proximité.

En surface

La nage en surface, pour rejoindre le site d’immersion comme au retour de la plongée, fait subir aux plongeurs l’effet des vagues et de la houle. Les mêmes conseils que cités précédemment à bord du bateau peuvent être réitérés. La palanquée peut aussi devoir faire face à un courant de surface, parfois peu visible du bateau. Dès la mise à l’eau, alors que le bateau est immobile (s’il est amarré), les plongeurs commencent alors à dériver. Lutter contre un courant léger est possible, mais si celui-ci est trop fort, le parcours sera modifié et le bateau peut procéder alors à la récupération des plongeurs en fin de plongée, en se déplaçant. L’idée est toujours de minimiser la fatigue pour assurer la sécurité des plongeurs. Si la nage en surface demande trop d’effort ou si des difficultés respiratoires interviennent (notamment chez les plus âgés), le signe « ça ne va pas » en surface, en direction du bateau ou de l’encadrant responsable de la palanquée, est tout indiqué. Il est alors opportun de bien gonfler son gilet, cesser l’effort et attendre le soutien des encadrants.

Les autres embarcations circulant sur le site (navires, motomarines) peuvent ne pas être conscientes que des plongeurs nagent en surface, on ne pas y être attentives. Lors de la nage en surface, il faut donc rester groupés pour être plus visibles, et rester attentif. Les planches à voiles, silencieuses et très rapides, sont particulièrement dangereuses. Au retour de la plongée, en nageant vers le bateau, l’encadrant dispose souvent d’un parachute de palier – un boudin gonflable en forme de cylindre, souvent orange fluo – permettant d’être bien visible de tout bateau.

Dans l’eau

En général, le parcours de plongée est orienté pour faire en sorte que les courants soient favorables (courant dans le dos) au retour, afin de minimiser l’effort en fin de plongée. Un courant trop fort fait dériver la palanquée en dehors de son itinéraire, en translation vers une direction donnée, mais a aussi tendance à séparer les plongeurs les uns des autres, ce qui fait courir un risque de perte de palanquée. Il induit chez ceux-ci un grand effort qui augmente le risque d’essoufflement. Lorsque le courant devient trop fort, la plongée peut être arrêtée par l’encadrant. Comme dans toutes les situations à risque, si l’on ressent des difficultés à suivre le groupe, une respiration haletante ou une gêne respiratoire, il faut faire le signe « ça ne va pas » à l’encadrant, qui engagera probablement une remontée vers la surface, partielle ou totale.

Les filets de pêche à la dérive ou fixés par endroits peuvent mettre en danger les plongeurs. Si l’on se prend dans un filin, il ne faut pas paniquer et faire signe aux autres plongeurs, qui viendront aider à défaire l’entortillement ou couper les fils avec un couteau. Le même problème peut arriver avec les algues filamenteuses et longues si l’on approche trop près d’amas.

Sous l’eau, on voit parfois très distinctement assez loin, à dix ou vingt mètres, mais aussi parfois bien moins ! En tant que plongeur débutant, cela peut être angoissant. Une faible visibilité peut être due à plusieurs facteurs :

  • la luminosité hors de l’eau (si le soleil est au zénith, l’éclairage est maximal, mais en fin de journée, il peut faire plus sombre),
  • la présence de particules en suspension dans l’eau (des fragments d’algues ou du plancton, par exemple),
  • ou encore la présence de sable en suspension, qui a été soulevé du fond par des mouvements d’eau causés par un courant naturel ou les palmes d’un autre plongeur passé par là, en raclant le fond !

Lorsqu’un telle situation se présente, il est important de rester très proches les uns des autres pendant toute la plongée. Si l’on se retrouve seul, il faut alors suivre la procédure de perte de palanquée.

La procédure à suivre en cas de perte de palanquée est celle que doivent suivre tous les plongeurs de la palanquée dès lors que l’un d’entre eux se retrouve isolé. Lorsque l’on ne voit plus ses coéquipiers, il faut immédiatement :
– entreprendre un tour sur soi-même (à 360°) pour tenter de les repérer,
– effectuer un tour de quelques mètres de diamètre en nageant autour de sa position actuelle, toujours à la recherche des autres,
– puis engager la remontée jusqu’en surface, seul, tout en restant à l’affût du moindre signe des autres (lampe, bruit) autour de soi.
La vitesse de remontée doit être la même que celle que l’on utilise en temps normal. Par contre, il n’est plus possible de se caler sur la vitesse de remontée du guide de palanquée puisque celui-ci n’est plus visible. Il est donc important, pendant toute sa vie de plongeur (et pas seulement pendant la formation au niveau 1), de se repérer à d’autres éléments pour évaluer si notre vitesse de remontée est correcte (lire le cours sur la remontée individuelle).
En aucun cas il ne faut continuer la plongée seul ! Un tel comportement est dangereux, car il faut toujours garder en tête que la sécurité de chacun est assurée par la surveillance mutuelle. Lorsque l’on est seul, on ne peut plus être secouru, et on ne peut plus secourir !
Les autres plongeurs feront la même chose sitôt qu’ils détecteront qu’il manque une personne dans le groupe (regarder dans les horizons puis remonter), ce qui permettra à la palanquée de se retrouver et se regrouper en surface pour ensuite envisager de redescendre, tous ensemble, et continuer la plongée.

Par ailleurs, l’utilisation de lampes est fréquente. Il en existe plusieurs types :

  • les lampes clignotantes (flash) se fixent sur le gilet ou sur la robinetterie de la bouteille : elle permettent d’être plus facilement visible des autres,
  • les torches se tiennent à la main : elles ont pour objectif de signaler notre présence et peuvent être utilisées pour éclairer la main qui fait un signe, afin qu’il soit facilement visible de celui qui doit recevoir l’information,
  • les phares s’utilisent comme les torches, mais ont un faisceau plus large et plus puissant : ils cumulent ces fonctions de signalement avec la possibilité d’éclairer efficacement autour de soi.

C’est le guide de palanquée qui décide si l’utilisation de lampes est obligatoire. Dans tous les cas, même en cas de forte luminosité, il est possible de s’en équiper pour inspecter les cavités un peu sombres à la recherche de bestioles cachées (homards, langoustes, crabes, etc.)

Au fond

Les reliefs particuliers sont très recherchés des plongeurs mais peuvent être une autre source de danger pour eux si certaines règles de sécurité ne sont pas respectées.

Certains sites présentent, le long des parois rocheuses, des grottes de diverses tailles. Il s’agit très souvent d’un renfoncement rocheux de quelques mètres, ou, plus rarement, de l’entrée d’un véritable grotte bien plus grande. Le guide de palanquée qui encadre le groupe peut s’y aventurer et vous proposer de le suivre. Il n’y a aucune inquiétude à avoir : il s’agira toujours de progresser sur quelques mètres uniquement. En effet, l’exploration complète de grottes relève de la plongée souterraine, qui demande une formation adaptée et des mesures de sécurité particulières.

Parmi les reliefs particuliers fréquemment rencontrés, on peut aussi citer les arches, des formations rocheuses arquées permettant parfois le passage des plongeurs en dessous. Le dessous de l’arche peut être tapissé de végétaux, d’algues, de coraux, ou encore de coquillages très appréciés des explorateurs. En fonction de la taille des rochers qui les constituent, les arches peuvent même former de petits tunnels de quelques mètres de longueur.

Ces reliefs sont généralement moins soumis aux puissants mouvements d’eau qui balaient les parois des tombants, et peuvent donc abriter de nombreux organismes vivants plus fragiles ou plus rares. Ils peuvent être le refuge d’une faune et d’une flore de grand intérêt.

Si le guide de palanquée vous invite à pénétrer dans ce type de relief (ou s’il vous y autorise 😉), c’est qu’il a jugé qu’il y a la place nécessaire pour y circuler sans danger flagrant. Dans un renfoncement rocheux, il faut par exemple être certain de pouvoir pivoter et faire demi-tour sans toucher les parois. Dans une arche, il faut être certain que le corps entier passe sans toucher quoi que ce soit non plus. Lorsque l’on s’y aventure, la prudence doit néanmoins toujours être de mise. L’objectif du plongeur doit être de ne toucher absolument rien, fût-ce avec la tête, les bras, la bouteille ou encore les palmes. Avant d’entrer, il faut gonfler le gilet correctement pour être parfaitement stabilisé. Une fois à l’intérieur, il faut laisser les mains contre soi et ne pas chercher à agripper le relief. En cas de déplacement vertical involontaire, il pourra être utile de gonfler ou dégonfler les poumons pour pouvoir corriger sa position rapidement.

Ne rien toucher est une consigne générale qui n’est pas spécifique aux grottes et arches. S’il peut être tentant de poser la main par endroits (se tenir à une rambarde métallique ou une tôle sur une épave, saisir une branche d’arbre immergée, s’agripper à un gros caillou ou une anfractuosité rocheuse), cela est généralement une mauvaise idée. Ces reliefs peuvent être coupants ou piquants (déchirure métallique, épine, roche saillante). De plus, ils peuvent héberger des espèces vivantes dont la main n’apprécie pas le contact (nous y reviendrons dans le cours de biologie). Enfin, l’eau (surtout froide) a tendance à attendrir la peau des doigts et anesthésier la main, qui sentira plus difficilement toute petite blessure (coupure, piqûre).

Le plongeur niveau 1 doit donc gérer sa stabilisation en continu, toujours positionné légèrement au-dessus du fond, comme en lévitation. Il doit se garder de poser les mains sur quoi que ce soit. Lorsque l’on se trouve très proche du fond, que l’on sent que le corps continue de descendre et risque de heurter le fond, un bon réflexe est de réagir en gonflant les poumons (le « poumon-ballast ») pour reprendre un peu de hauteur. Cela est très rapide et se fait sans manipulation du matériel.

Ces précautions ont pour objectif de nous protéger des reliefs naturels et artificiels particuliers. Nous verrons d’autres précautions à prendre vis-à-vis de la faune et de la flore rencontrées dans le cours de biologie sous-marine du niveau 1.

Le froid et les dangers du milieu (N1)

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